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Législatives 2024 : des voix qui rapportent gros ?

Un article rédigé par Mondo Guest - RCF Haute-Normandie, le 25 juin 2024 - Modifié le 7 juillet 2024
Regards sur l'actuLe financement des partis politiques au travers des législatives

Suite à la dissolution de l'Assemblée annoncée par le président de la République Emmanuel Macron le 9 juin, les médias se préoccupent à raison de la composition du Parlement, des alliances politiques qui se forment, ou de l'identité du Premier ministre.

Cependant, une question est peu abordée, alors qu'elle est une clé de compréhension majeure du chaos ambiant : l'enjeu de survie économique pour les partis derrière la répartition des circonscriptions.

L'enjeu économique des législatives est énorme pour tous les partis français. ©FreepikL'enjeu économique des législatives est énorme pour tous les partis français. ©Freepik

 

Les élections législatives sont les seules en France à être accompagnées d'un enjeu de financement majeur pour les partis politiques, nous expliquait Emmanuel Cherrier, sur les ondes de RCF Haute-Normandie.

Docteur en sciences politiques, maître de conférences à l’École Polytechnique, il est également adjoint au maire de Denain (59) et a été par le passé candidat aux législatives. Il connaît donc aussi bien la théorie et la pratique que les enjeux qui se jouent en coulisse.

Le premier critère : le nombre de suffrages recueillis lors d'une élection

Lorsqu'un parti réalise aux législatives un score de 1% ou plus dans au moins 50 circonscriptions, chaque voix qu'il reçoit (sur l'ensemble du territoire français) lui rapporte 1,61 euros de versements de l’État.

Ce plafond de verre pousse les petits partis à investir des candidats dans un maximum de circonscriptions pour obtenir au moins 1% dans 50 circonscriptions. Une fois ce palier dépassé, chaque voix compte. Il faut alors maximiser les suffrages. De cette façon, un parti n'obtenant aucun élu peut tout à fait générer des bénéfices prometteurs pour sa formation politique.

Prenons l'exemple de Reconquête, le parti d'Éric Zemmour. Face aux scores hégémoniques annoncés du Rassemblement National de Marine le Pen, il semble peu probable qu'il obtienne un seul élu à l'issue de cette élection. Cependant le parti a tout intérêt à mettre de nombreux candidats en place pour s'assurer de passer le plafond de verre et d'obtenir des financements sur chaque voix reçue. C'est dans cette optique qu'Éric Zemmour a annoncé qu'il soutenait 330 candidats.

 

Le second critère : le nombre de candidats élus

Chaque député élu ramène à sa formation politique une subvention de 37.120 euros, qui est versée annuellement par l’État (il en va de même pour les sénateurs, même si cela n'est pas l'objet de cette élection).

La somme de la première enveloppe (issue du premier critère), additionnée à la seconde enveloppe nous révèle le total des aides publiques octroyées à un parti. 

A l'aide de l'infographie ci-dessous, vous pouvez constater l'ensemble des bénéfices générés par les partis en 2022, à la suite des élections législatives. À titre d'exemple, plus de 21 millions d'euros ont été obtenus par le parti présidentiel (environ 10,1 millions via les suffrages recueillis, et environ 10,9 millions via le nombre de députés/sénateurs élus).

Politique : les aides publiques aux partis ©Visactu

 

Brève analyse du paysage politique par le prisme économique des législatives

C'est dans ce contexte que s'explique en partie l'alliance du Front Populaire. En unissant ses forces, l'alliance de gauche maximise ses chances de retrouver des candidats au second tour, puis des candidats élus, face à un candidat Renaissance ou Rassemblement National.

Avec un tel constat, le schisme chez Les Républicains (LR), devient également compréhensible. De fait, ces élections législatives anticipées, au lendemain d'un score historique du Rassemblement National, promet de balayer la plupart des candidats sortants dont disposaient encore LR depuis 2022 (après avoir déjà cédé de nombreuses places au RN). Les finances du parti LR en pâtiront.

Mais la première victime de cette dissolution brutale de l'Assemblée Nationale, ce sont nos institutions démocratiques et la santé du débat public. Comment en trois semaines assurer que ce dernier ait lieu sur le fond, et non sur la forme ? Est-ce que tous les partis, dont la trésorerie est parfois vide suite à la campagne européenne, seront aptes à se lancer à plein potentiel dans une nouvelle course électorale ? C'est ce qu'il nous sera donné de constater le 30 juin, puis le 7 juillet prochain.

 

 

 

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