Alpes-Maritimes
Avec le Père Patrick Bonafé, réfléchissons à une transformation profonde de nos paroisses sous l’action de l’Esprit Saint. Face aux défis contemporains, cette vision nous propose de redécouvrir la vitalité de nos communautés chrétiennes en s’adaptant aux réalités nouvelles tout en restant ancrées dans les fondamentaux de la foi.
La lettre pastorale de Monseigneur Turini, archevêque du diocèse de Montpellier, nous invite à une transformation profonde de nos paroisses sous l’action de l’Esprit Saint. Dans un contexte où les défis sont nombreux – vastes territoires, prêtres moins nombreux, nouvelles attentes – cette vision nous engage à penser l’Église autrement, tout en restant fidèles à sa mission première : annoncer l’Évangile et témoigner de la charité du Christ.
Pendant longtemps, la paroisse était ce lieu familier où prêtre et paroissiens partageaient la même vie : une proximité incarnée dans les sacrements, la catéchèse et la solidarité. Mais au XXe siècle, les bouleversements sociaux ont changé la donne. Aujourd’hui, le visage des paroisses est marqué par de nouveaux défis.
D'abord la raréfaction des prêtres : il y a désormais un prêtre pour 20 000 habitants dans certains diocèses. À l’échelle locale, cela se traduit par des paroisses qui s’étendent parfois sur des dizaines de kilomètres.
La mobilité des populations a aussi un impact non négligeable : les fidèles vivent moins souvent au même endroit toute leur vie, ce qui rend plus difficile le sentiment d’appartenance à une paroisse.
Enfin, de nouveaux visages engagés viennent modifier le visage de nos paroisses : la présence croissante des laïcs et des diacres, figures de service et d’accompagnement, redonne un élan missionnaire à nos communautés.
Cette évolution n’est pas sans difficultés. "Il est parfois compliqué pour un curé de se sentir proche de ses paroissiens lorsqu’il doit s’occuper de 50 villages", reconnaît le Père Patrick Bonafé, vicaire épiscopal du diocèse de Montpellier. Mais c’est aussi une chance : la paroisse n’est plus uniquement l’affaire du curé. Elle devient un lieu de coresponsabilité, porté par tous.
Dans sa lettre, Monseigneur Turini, archevêque du diocèse de Montpellier, parle d’une "Église de Pentecôte". Cette vision spirituelle nous rappelle que l’Église n’est pas une simple organisation, mais une communauté animée par l’Esprit Saint.
Pour répondre aux besoins d’aujourd’hui, nos paroisses doivent ainsi s’appuyer davantage sur les laïcs : des fidèles engagés, formés et investis de véritables missions d’Église. "Ce ne sont pas seulement des bénévoles, mais des personnes appelées à servir la communauté", précise le P. Bonafé.
Un autre axe à engager est le renforcement des équipes locales : dans de nombreuses paroisses, les équipes d’animation paroissiale ou les coordinateurs locaux jouent déjà un rôle clé. Ce modèle pourrait être structuré davantage, avec des laïcs reconnus pour des missions spécifiques. Enfin, il faut prendre le temps de redécouvrir les fondamentaux : charité, catéchèse, prière et annonce de la Parole restent les piliers d’une paroisse vivante. Mais aujourd’hui, ce sont tous les baptisés qui sont appelés à en être les témoins.
L’étymologie du mot "paroisse" nous donne une clé de compréhension. Dérivée de paroika puis parokoi, qui signifie être un "étranger domicilié", une personne qui n’appartient pas tout à fait à sa ville. Ainsi, selon le mot du vicaire épiscopal, nous n'appartenons pas à ce monde, mais au Royaume de Dieu. Cela signifie que, dans nos villages, villes et quartiers, nous sommes appelés à être des signes visibles de la vie divine.
Concrètement, cela passe d'abord par des paroisses fraternelles, où chacun trouve sa place et se sent acteur de la mission de l’Église. Une Église missionnaire, qui ne craint pas d’aller à la rencontre des personnes éloignées, fragilisées ou en recherche. Enfin, un engagement concret des chrétiens dans la vie locale, qu’il s’agisse d’accompagner les familles, d’animer la prière ou d’œuvrer pour la charité.
"Ce n’est pas l’organisation pour l’organisation", rappelle le P. Bonafé. Il s’agit d’abord d’une conversion spirituelle. Accepter de se laisser transformer par l’Esprit Saint, d’oser de nouvelles formes de vie paroissiale, et d’avancer ensemble. Ce travail, mené localement, s’inscrit aussi dans une dynamique plus large, en lien avec d’autres diocèses et même avec l’Église universelle.
L’Afrique, par exemple, a déjà développé depuis longtemps des modèles où laïcs et prêtres partagent plus largement la mission. En France, cette démarche commence à s’enraciner. Dans le diocèse de Montpellier, des projets se structurent peu à peu pour que des laïcs prennent une responsabilité pleine et entière dans la vie de leurs paroisses.
L’Église de Pentecôte est une invitation à ne pas baisser les bras. Même dans un contexte de fragilité, nous sommes appelés à être des témoins vivants de la foi, de l’espérance et de la charité. Dans nos paroisses, cette transformation passe par une alliance nouvelle entre prêtres, diacres et fidèles laïcs.
L’Esprit Saint nous pousse à sortir de nous-mêmes, à inventer de nouvelles manières de vivre en Église et à témoigner du Christ au cœur de nos territoires. C’est un défi, mais aussi une promesse : celle d’une Église vivante, fraternelle et missionnaire.
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