La colère des agriculteurs n’en finit pas. Mobilisés contre le traité de libre-échange du Mercosur, les paysans en veulent également à Bruxelles qu’ils accusent de les surcharger administrativement. Le sujet avait déjà été mis sur la table au cours des dernières protestations agricoles il y a quelques mois. Trop de papiers, trop de procédures, c’est une des critiques portée par David Desassure, éleveur bovin dans la Creuse, au micro de RCF Radio Notre-Dame.
Des cortèges de tracteurs roulent au ralenti sur les autoroutes en direction des grandes villes. En cause de la colère des agriculteurs, le traité de libre-échange du Mercosur que les paysans ne veulent pas voir promulgué. Pour autant les protestations cristallisent aussi un mal être plus général du monde agricole. Les exploitants se plaignent notamment de la surcharge administrative que leur impose l’exécutif européen et national, une plainte relayée par David Desassure, éleveur bovin dans la Creuse.
Pour David Desassure, le métier d’éleveur est de plus en plus impossible à exercer. “Aujourd’hui le métier d’agriculteur, c’est 50% d’administratif.” Pourtant, suite aux protestations des agriculteurs au printemps, le gouvernement avait promis de simplifier le travail administratif des paysans. La ministre de l’agriculture, Annie Genevard, avait aussi annoncé un contrôle administratif unique afin d’éviter les multiplications d’inspections sur les exploitations. Des mesures trop peu effectives pour David Desassure. “On a l'impression que tout se recoupe, que les inspecteurs brassent de l'air avec une seule fonction à remplir: contrôler tout ce qui doit être noté”.
On a l'impression que tout se recoupe, que les inspecteurs brassent de l'air avec une seule fonction à remplir: contrôler tout ce qui doit être noté.
L’éleveur creusois veut pour preuve de la surcharge administrative les nombreuses procédures nécessaires pour pouvoir semer puis labourer un champ. “Il faut noter le champ qu'on laboure, parce qu'en fonction du laps de temps on a le droit, ou pas. Dans le passé, ça n'existait pas. [...] Si on doit semer une graminée pour meubler le sol et que l’on a pas pu le faire à telle date, parce que le sol était trop sec ou trop mouillé, on a des pénalités et il faut remplir un dossier. C’est aberrant.” Face au nombre de démarches administratives à entreprendre, les agriculteurs ont l’impression que leur métier est dénaturé.
La surcharge administrative des agriculteurs s’impose comme une nouvelle difficulté pour un métier qui peine déjà à attirer. Pas ou peu de vacances, un travail prenant, une condition économique souvent difficile : un grand nombre d’agriculteurs ne parviennent pas à assurer la relève de leur exploitation lors d’un départ en retraite. David Desassure constate avec tristesse l’évolution de l’agriculture aujourd’hui “mes grands-parents m'ont raconté l'histoire de l'agriculture française déjà dans le passé, à une époque où l'agriculture devait nourrir le pays. Désormais c'est un peu loin bien sûr, et utopique sans doute.
L'évolution de l'agriculture, on la voit avec tristesse.
Pour revaloriser son métier, David Desassure préconise notamment le circuit court et l’éducation au goût. Pour l'éleveur, les consommateurs reviendront plus facilement vers les produits fermiers français après les avoir redécouvert. “Il y a des solutions qui existent pour protéger nos paysans et ce qu'on produit chez nous”. Ces solutions, David Desassure espère les voir prises en main par l’exécutif. Le Premier ministre Michel Barnier a assuré que les engagements du gouvernement vis-à-vis des agriculteurs seront respectés. Trois mois avant le Salon de l'Agriculture, les futurs exposants attendent encore beaucoup du gouvernement
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