Les discussions vont bon train à l'Assemblée Nationale. Le projet de loi de finances préparé par le gouvernement de Michel Barnier est débattu au Palais Bourbon. Au cœur des débats un projet d'austérité voulu par l'exécutif. Mais quelles seraient les conséquences concrètes d'un budget d'austérité en France, et en particulier sur les emplois. L'économiste et professeure Cecilia Garcia-Peñalosa nous aide à mieux comprendre...
Le Premier ministre Michel Barnier prend le problème du déficit public à bras-le-corps. Le projet de loi de finances proposé par son gouvernement ambitionne de réduire le déficit à 5%, ce qui nécessite un effort d’économies d’environ 60 milliards d’euros. Pour y parvenir, des réductions drastiques des dépenses publiques sont prévues, ainsi qu’une taxation plus importante sur les grandes entreprises. Si le texte, débattu à l’Assemblée Nationale, venait à passer, il y aurait donc une conséquence directe sur les emplois dans les secteurs public et privé. Mais alors, à quoi faut-il se préparer exactement ? L’économiste et professeure à l’université de Aix-Marseille, Cecilia Garcia-Peñalosa nous éclaire.
Un des points clé du budget prévisionnel est la sur-taxation pour les entreprises avec un chiffre d’affaires supérieur à 1 milliard d’euros. Pourtant la France est déjà un pays avec un taux de prélèvement obligatoire et un taux de taxation sur les entreprises très élevé. Pour Caroline Garcia-Peñalosa cette manœuvre n’est pas sans risque. “C’est à mon avis le point le plus faible de ce budget. Il va arrêter la croissance de l’emploi.” Pourtant la France était dans une dynamique positive avec un taux de chômage décroissant.
Ce budget risque d'arrêter la croissance de l'emploi.
La réaction des grandes entreprises peut être variée. Si elles perçoivent les mesures comme temporaires “elles peuvent accepter de rester en France avec la production”. À l’inverse, “s’il y a de la peur elle va amener à des décisions délétères pour la croissance et l’emploi”. Certains organismes évaluent les suppressions d’emplois potentielles à entre 100 000 et 130 000. L’agence de notation financière Ficht a classé la France sous “perspective négative” suite à l’annonce du budget prévisionnel.
Qu’en est-il pour les emplois du secteur public ? Sur les 60 milliards d’euros que le gouvernement cherche à économiser, 40 milliards d’économies proviendraient d’une réduction des dépenses publiques. Le financement de bon nombres de services publics est dans le viseur de l’exécutif. Récemment, l'annonce de la suppression de 2000 postes dans la fonction publique, surtout à l’Éducation nationale, a déjà soulevé des interrogations. Pourtant Cecilia Garcia-Peñalosa se montre optimiste. Pour elle, la réduction du budget de la fonction publique ne va pas causer une nouvelle suppression d’emplois mais pousser à une réforme structurelle. “Il serait important pour moi de chercher à avoir plus de flexibilité”. Selon elle, cela poussera aussi à une meilleure formation des fonctionnaires. “Une force de travail moins bien formée est une force de travail moins productive”.
Une force de travail moins bien formée est une force de travail moins productive.
L’économiste n'envisage donc pas une vague de suppression d’emplois dans le secteur public mais plutôt une adaptation des emplois à la nouvelle réalité imposée par le budget. Tout de même ce budget prévisionnel peut causer des suppressions d'emploi, de quoi alimenter des débats déjà houleux à l'Assemblée Nationale.
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