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​L’Europe face au défi d’accueillir les réfugiés du camp de Moria après son incendie
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​L’Europe face au défi d’accueillir les réfugiés du camp de Moria après son incendie

Un article rédigé par Florence Gault - RCF,  -  Modifié le 29 juin 2021
Le dossier de la rédaction ​L’Europe face au défi d’accueillir les réfugiés du camp de Moria après son incendie
Après l'incendie du camp de Moria, l'enjeu migratoire alerte les ONG et les acteurs de l'Union européenne.
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Il y a 15 jours, sur l'île de Lesbos en Grèce, un incendie a détruit le camp de Moria où vivaient 12 700 migrants dont 4000 enfants. Depuis, un nouveau camp provisoire a été installé. Mais de nombreuses questions restent sans réponse.

L'incendie du camp de Moria a relancé le débat sur la politique migratoire de l’Union européenne. Il pose la question du statut de ces hot-spots, ces fameux camps d’enregistrement, créés par l’Union européenne en 2015 dont fait partie Lesbos. Ce qui ne devait être qu’un camp de transit est devenu, depuis 2016, un centre de rétention géré par la police et l’armée. 

Un nouveau camp peu rassurant pour les réfugiés

Un nouveau camp provisoire vient d'être installé à 4 kilomètres du camp de Moria, détruit par l'incendie, en direction de Mytilène, la principale ville de Lesbos. Ces derniers jours, les forces de l'ordre ont fait le tour des campements de fortune, afin d’y mener les demandeurs d’asile. Ils sont 9000 sur les 12 700 laissés sans abri qui y sont allés. Mais beaucoup d’entre eux ont peur de s’y retrouver de nouveau bloqués dans des conditions difficiles, comme à Moria, où ils attendaient depuis des mois leur transfert vers la Grèce continentale. C’est le cas de Robert et de sa femme, Christiane, enceinte de huit mois. Originaires de Kinshasa, en République démocratique du Congo, ils sont arrivés à Lesbos il y a sept mois. "Moi je rêve de partir en France avec ma femme. Je rêve que ma fille naisse en France. Arrivés ici, on nous a enfermés dans un camp, on ne sait pas quand on va sortir", se désole Robert.

Certains ont rejoint le nouveau camp, et d’autres refusent de s’y rendre. C’est le cas de Jawad, un jeune Afghan de 13 ans qui se trouve à Lesbos depuis un an et un mois. Il vivait dans le camp de Moria avant l’incendie avec sa famille. Il a été contraint par les forces de l’ordre de se rendre dans le nouveau camp. "Je ne veux vraiment pas aller dans le nouveau camp car je suis trop fatigué. J'ai été pendant un an et un mois dans un camp et j'ai développé des allergies et de l'asthme. Ici c'est trop sale", regrette ce jeune Afghan.

Des conditions de travail difficiles pour les ONG

Jeudi dernier, l’accès au camp a été refusé pendant plusieurs heures aux équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) qui cherchaient à rejoindre leur structure médicale, alors que les forces de l’ordre transféraient les migrants dans le nouveau camp. Pour le moment, MSF a décidé de ne pas intervenir dans le camp, tant que la situation ne se sera pas éclaircie. "Notre inquiétude est de savoir quelle va être l'utilité de ce camp. A ce stade, nous restons vigilants", explique Stephan Oberreit, chef de mission en Grèce pour Médecins sans frontières.

Le Haut-Commissariat pour les réfugiés demande à ce que ce nouveau camp ne soit qu’une "solution provisoire" et met en garde contre toute pérennisation d’une installation d’urgence. Le HCR demande à ce que les autorités grecques clarifient rapidement l’avenir de ce site. 

Un drame qui a contraint l’Europe à réagir

Pour certains observateurs et certaines ONG, Lesbos est la honte de l’Europe. Aujourd’hui, la commission européenne appelle à faire preuve de solidarité. Elle veut faire avancer une politique d’asile européenne commune. Une réforme très attendue de sa politique migratoire doit d’ailleurs être présentée mercredi par Ursula von der Leyen. Adalbert Jahnz, porte-parole de la Commission européenne pour les affaires intérieures, estime que l’incendie du camp de Moria va obliger les Européens à faire mieux. "Tout le monde s'accorde à dire que la situation sur les îles grecques était inacceptable. Si l'Europe agissait de concert, nous n'en serions pas là et nous pourrions faire de la gestion des migrations quelque chose de parfaitement normal", assure Adalbert Jahnz.

Mais certains pays ont plus de mal que d’autres. Par exemple, en avril dernier, la Cour de justice de l’Union européenne a jugé que la République tchèque, la Hongrie et la Pologne ont enfreint le droit de l'Union Européenne en refusant de se conformer à ce programme de quotas de réfugiés. Reste à savoir ce que contiendra le plan d’action pour l’immigration et l’asile que présentera mercredi la présidente de la commission européenne.

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Le dossier de la rédaction © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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