À l'occasion de la 58ème journée mondiale des communications sociales, le pape François a souhaité répéter son message centré sur l'intelligence artificielle, comme il l'avait fait pour la 57ème journée mondiale de la paix le 1er janvier 2024.
Son message est intitulé "Intelligence artificielle et sagesse du cœur : pour une communication pleinement humaine" et votre radio locale RCF Nièvre vous propose ici un condensé du message papal en se centrant sur certains points précis, accompagnée de l'abbé Jean-Marie Diouf du presbytère de Corbigny (Nièvre).
En appelant à la sagesse du cœur que seul l’humain est capable d’offrir, le pape François, dans son message pour la journée mondiale des communications sociales, rappelle le juste terme du processus d’intelligence artificielle au centre des préoccupations économiques, sociales et politiques. Il nomme l’apprentissage automatique, ou, pour les professionnels de la tech’, le machine learning.
Selon le pape, l’intelligence artificielle ne serait pas un prolongement de l’humain, comme les premiers objets préhistoriques en tant que prolongement du bras ; et, dans le contexte de la révolution numérique du 21ème siècle, les médias en tant que prolongement de la parole. La pensée n’est pas prolongée par l’intelligence artificielle, ni même aidée.
La pensée, l’esprit, le cœur… Des sens humains qui trouvent autant d’opportunités que de dangers aux yeux du Saint-Père dans la course au progrès des intelligences artificielles. L’intelligence artificielle ayant trouvé sa croissance et sa popularité avec ChatGPT, dans l’univers des nouveaux médias, le pape illustre son message en parlant des réseaux sociaux :
De la première vague d’intelligence artificielle, celle des médias sociaux, nous en avons déjà compris l’ambivalence, évoquant ses opportunités comme ses risques et ses pathologies.
Le pape n’oublie pas d’évoquer la deuxième vague d’intelligence artificielle dite « générative » et qui donne à voir l’apprentissage automatique presqu’en direct. Mais il va se centrer surtout sur la notion d’algorithme car il s’agit effectivement ici du nerf de l’intelligence artificielle. Il appelle la Communauté des nations à travailler ensemble sur une régulation démocratique et sociale des systèmes d’intelligence artificielle, sans pour autant être optimiste.
En la journée mondiale des communications sociales, le message du pape résonne comme un appel au respect du pluralisme. Tandis que ce pluralisme, enjeu fondamental de la liberté de la presse, recule dans le monde, même en Europe, les médias, dans un contexte global de conflits en escalade, font continuellement l’objet des sanctions du pouvoir et autres manœuvres de monopole. Les journalistes, déjà ciblés par les pouvoirs qui cherchent ou qui ont déjà une chambre d’écho unique, pourraient, dans l’avenir, subir les sanctions de l’intelligence artificielle. Ou de quelques propriétaires capitalistes des systèmes d’intelligence artificielle, à l’image des romans et des films d’anticipation de la seconde moitié du 20ème siècle.
« Je ne crois pas personnellement qu'un esprit désincarné qui se contente de régurgiter ce que d'autres esprits incarnés ont dit – sur la vie qu'ils ont eue, sur l'amour, sur le mensonge, sur la peur, sur la mortalité – et qui rassemble tout cela dans une salade de mots pour ensuite le régurgiter... puisse émouvoir un public [...] Il faut être humain pour écrire cela. Je ne connais personne qui songe à faire écrire un scénario par une IA. »
Comme toute innovation d’ampleur, le progrès technique pose son lot de gagnants et de perdants. Le pape François appelle encore et toujours à une mission d’égalité et d’éthique démocratique et sociale. Une révolution industrielle, une révolution numérique qui voit s’affronter d’un côté les tendances à l’esclavage et de l’autre les luttes de la liberté.
Qu'on le veuille ou non, l'intelligence artificielle n'est plus une fiction. Elle est là. Et elle agit déjà. Comme l'a précisé l'abbé Jean-Marie Diouf (extrait plus haut) dans son commentaire de l'évangile du dimanche 12 mai 2024, coïncidant avec cette journée mondiale des communications sociales et s'unissant au message du pape François : c'est non seulement les utilisateurs et autres mobinautes qui devront s'éduquer, mais ce sont aussi les opérateurs dans le domaine de la communication qui devront soit être protégés, soit être régulés par la déontologie, le professionnalisme et la dignité humaine.
Des métiers nouveaux, des métiers anciens, des capacités de manipulation comme la désinformation, des besoins d’exister entre toutes et tous… le pape François écrit, ce dimanche 12 mai 2024, dans son message pour la 58ème journée mondiale des communications sociales que le bon ou le mauvais qui découleront de la société de l’information ne dépend que de nous.
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