Chaque jeudi, Stéphanie Gallet décrypte une photo sélectionnée par le CCFD-Terre solidaire. Cette semaine, direction l'Indonésie sur l'île de Java dans le village de Tambakpolo, touché par la montée des eaux.
Ces maisons sont-elles sur pilotis ou sommes-nous face à une inondation ? C’est la question qu'on se pose en regardant cette photo. Nous sommes devant des maisons, dont on ne voit que les toits de tuiles. Des toits qui occupent pratiquement tout la moitié haute de la photo. En bas dans l’autre moitié, rien que de l’eau, ou presque. Entre les deux, une sorte de ponton où sont alignées des plantes en pot, certaines sont fleuries et cela donne un air bucolique à l’ensemble. Sur la gauche de cette passerelle qui traverse donc toute l’image de gauche à droite, une femme en jupe bleu clair et voilée de rose dont on ne devine que l’ovale du visage. Sa présence nous donne l’échelle de l’image : pour entrer à l’intérieur de ces habitation, il va lui falloir se baisser. Sur le toit devant nous sont posées des bottes en caoutchouc, des balais mais aussi des cartons et des paniers qui semblent nous indiquer que la situation n’est pas tout à fait normale.
Inondation ! De ces maisons, seul le 2ème étage est accessible et encore, tout cela ne tient qu’à un fil, la mer monte et envahit tout et cette femmes regarde, consternée, ce qu’il reste de son village.
Nous sommes en Indonésie sur l'île de Java dans le village de Tambakpolo. Sur cette île la plus peuplée d’Indonésie, champs et rizières disparaissent à vue d’œil. Dans certains villages, maisons, écoles, commerces et édifices religieux ne sont plus que des épaves englouties par l’eau et les mangroves. Les routes n’existent plus. C’est en bateau, puis les jambes dans l’eau que Marion Poirot, chargé de mission au CCFD-Terre Solidaire, est allée à la rencontre des habitants qui sont restés dans leurs villages submergés, certains par choix, d’autres par manque de moyens pour partir. Avec son téléphone, elle a photographié ce désastre environnemental à peine croyable.
Une photo de circonstance alors que la COP27 se tient en Egypte actuellement. Le dérèglement climatique accélère la montée des eaux. À cela s’ajoute l’affaissement des sols qui résulte du pompage excessif des nappes phréatiques et de l’urbanisation galopante promue par le gouvernement. À Jakarta, 40 % des terres se situent sous le niveau de la mer. Face à cette situation, le
gouvernement prévoit de déménager la capitale à 2 000 km de là. Une solution qui ne résout rien mais surtout qui laisse des millions d’habitants livrés à eux-mêmes dans une mégalopole menacée d’être noyée.
Sur place, cela semble dérisoire. Il faut construire des pontons mais surtout former les habitants pour qu’ils se mobilisent pour exiger des projets d'infrastructure et d’urbanisme plus durable.
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