Noël en Orient : Un témoignage d’espérance et un enjeu pour les minorités

Le chef de la coalition au pouvoir en Syrie, Ahmad al-Chareh, a appelé dimanche 22 décembre à la protection des minorités et à "coexister ensemble".

Les héritiers d’Al-Qaïda

HTS, l’organisation qui a pris le pouvoir en Syrie, est issue de la branche al-Nusra, elle-même dérivée d’Al-Qaïda, explique Faraj Benoît Camurat. L’arrivée au pouvoir de ce groupe a suscité l’inquiétude de la population syrienne mais également irakienne, en raison des capacités démontrées par des groupes comme Daech, capables d’occuper un large territoire. "C’est la crainte des Irakiens. L’armée irakienne, à la demande du Premier ministre irakien, s’est déployée tout le long de la frontière avec la Syrie, qui a été rendue quasiment étanche", ajoute le directeur de Fraternité en Irak.

Ils disent ce que Daech a fait aux chrétiens : soit vous payez un impôt, soit vous vous convertissez, soit vous partez, soit on vous tue. 

La communauté internationale salue la chute de Bachar al-Assad, mais reste prudente face à ce régime issu d’une ancienne branche syrienne d’Al-Qaïda, qui affirme cependant avoir rompu avec le djihadisme. "Tout le monde a envie d’y croire", observe Faraj Benoît. Cependant, il précise que ce groupe est composé de salafistes qui veulent un État appliquant la charia. "Ils disent ce que Daech a fait aux chrétiens : soit vous payez un impôt, soit vous vous convertissez, soit vous partez, soit on vous tue", rappelle Faraj Benoît Camurat. Pour l’heure, les évêques d’Alep et de Damas témoignent d’une situation calme et quasi normale, mais il faut rester vigilant et continuer à protéger les minorités et la population chrétienne sur place, conclut-il.

Une région qui a besoin de stabilité

"La région du Proche et Moyen-Orient a besoin de stabilité", souligne Faraj Benoît Camurat. "Cette région a connu sa crise la plus grave des 30 à 40 dernières années avec ce qui s’est passé entre Israël, le Liban, Gaza et l’Iran. Aujourd’hui, toute la région a besoin de calme, elle a besoin de respirer, elle a besoin de stabilité." La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est dite prête à rouvrir sa représentation à Damas et souhaite intensifier ses relations avec HTS. Selon Faraj Benoît Camurat, il est crucial d’obtenir avant tout des garanties sur des valeurs fondamentales, telles que la protection des minorités ou l’établissement de l’État de droit.

Bien trop souvent, les chrétiens, les yézidis, les druzes, les ismaéliens ou autres sont considérés comme des citoyens de seconde zone.

Les nouvelles autorités de Syrie sont également observées sur la manière dont elles traiteront les minorités. Selon l’agence de l’ONU pour les migrations, des membres des minorités religieuses ont fui le pays par crainte de menaces potentielles. Pour Faraj Benoît Camurat, il est essentiel que chacun ait le droit d’être citoyen. "Bien trop souvent, les chrétiens, les yézidis, les druzes, les ismaéliens ou autres sont considérés comme des citoyens de seconde zone." Afin que les chrétiens puissent rester dans leur pays, il faut qu’ils soient reconnus comme des citoyens à part entière, insiste le directeur général de l’ONG.

Noël permet aux chrétiens de retrouver leur place dans la société

Ce Noël sera particulier pour les chrétiens du Moyen-Orient. Ils l’abordent avec une angoisse très partagée dans tout le Proche-Orient, que ce soit au Liban, en Syrie ou en Irak, rapporte Faraj Benoît Camurat. "L’enjeu, c’est de pouvoir offrir un avenir serein à ces chrétiens d’Irak, de Syrie, du Liban, de Jordanie et d’Égypte. Et c’est tout l’enjeu de notre fraternité. C’est tout l’enjeu de notre rôle en tant que chrétiens de France de nous tenir à leurs côtés." Pour le directeur de l’ONG, Noël "irradie" les sociétés du Moyen-Orient et permet, durant cette période, de redonner leur place aux chrétiens dans ces sociétés.