Notre-Dame, un joyau de savoir faire anciens selon le Frère Charles Desjobert

En 2015, un relevé très complet de la cathédrale a été fait par deux élèves de l'école de Chaillot, Rémi Fromont et Cédric Transo. Ces relevés sont des dessins, il a donc fallu faire une restitution en trois dimensions très précise, jusqu'aux détails d'assemblage de la charpente. Pour cela, il a fallu maîtriser les techniques de constructions anciennes des bâtisseurs.

Notre-Dame, une innovation technique

Pour le dominicain Charles Desjobert, compte tenu des techniques de l'époque, Notre-Dame est une vraie prouesse technologique. "C'est une vraie innovation, cette charpente de Notre-Dame, et c'est pour ça que ça valait le coup de la restaurer à l'identique", affirme-t-il. Les éléments qui composent la charpente évoluent pour consolider l’édifice, témoigne l'architecte du patrimoine : ”ces fermes se sont transformées, améliorées au fur et à mesure qu'on a édifié la charpente elle-même”.

La charpente de Notre-Dame est une vraie innovation et c'est pour cela qu'il fallait la restaurer à l'identique. 

Le frère ajoute : “Les premières fermes, quand on part des tours et qu'on va vers la croisée du Transept, les premières fermes sont à chaque fois un peu différentes, comme si elles marquaient une avancée technique à chaque fois”. Pour le dominicain, les différentes innovations technologiques dans la cathédrale témoignent de l’intemporalité de Notre-Dame. 

Les fermes, éléments essentiels pour faire tenir la charpente

"Les fermes, c'est l'élément fermé, d'où le mot ferme, l'élément triangulaire qui permet d'avoir une toiture indéformable“, explique le dominicain. "C'est l'élément par excellence qui ne peut pas se déformer”, ajoute-t-il. "Une ferme, c'est simplement l'élément de base qui compose la charpente”, permettant la stabilité de la structure. 

une ferme c’est l’élément de base qui compose la charpente

Le diplômé de l'école de Chaillot souligne que les techniques concernant les charpentes ont évolués depuis le début de la construction de Notre-Dame au XIème siècle : “On n'a pas encore inventé, à l'époque médiévale, ce qu'on appelle les pannes, ce sont ces éléments qu'on imagine quand on pense à une charpente en bois, qui arrivera beaucoup plus tard.”

Un rassemblement d’artisans pour reproduire les techniques de l’époque

Pour le dominicain, la France a les compétences en matière d’artisanat pour construire ces fermes. “En tant que jeune architecte du patrimoine, ça a été aussi une découverte de voir ce savoir-faire, de le voir à l'œuvre et de manière aussi exceptionnelle.” Les compétences des intervenants sur le site en sont un bon exemple. "C’est un travail extrêmement précis de tous les artisans qui sont capables d'entrer dans la compréhension d'un site, et puis en même temps de proposer une œuvre de qualité", vante le frère Charles Desjobert.

C’est un travail extrêmement précis 

Selon l’architecte du patrimoine, la France est extrêmement bien dotée en matière d’artisanat. “ On a en France la chance d'avoir quand même un très bon réseau de restaurateurs, grâce à ce travail sur notre patrimoine”. Cela s’expliquerait par le contexte historique religieux et le nombre conséquent d’églises sur le territoire français.

“On a régulièrement en France, de par le nombre d'églises qui couvrent le territoire, de châteaux et de propriétés de taille majeure, le devoir de faire appel en permanence à des charpentiers compétents, notamment dans le domaine du patrimoine.” Pour le frère dominicain, les artisans sont sans cesse sollicités, ce qui leur permettrait de conserver cet héritage de compétences.