Un rapport de 125 pages sur les risques d’exposition aux écrans chez les plus jeunes est remis à Emmanuel Macron ce mardi 30 avril. “Trois mois de travaux” dans lesquels les experts formulent des préconisations et des restrictions sur le temps d’écran des très jeunes enfants. Toutes ces mesures pourraient, dans les jours à venir, déboucher sur des propositions de loi. Pour cela, les parlementaires pourront aussi auditionner les auteurs de ce rapport.
Un rapport alarmant. 125 pages dans lesquelles une commission de dix experts, co-présidée par Servane Mouton, neurologue, et Amine Benyamina, psychiatre addictologue, a alerté sur les dangers de l’exposition des jeunes aux écrans. Intitulé “à la recherche du temps perdu”, le document remis à Emmanuel Macron ce mardi 30 avril, était attendu un mois plus tôt. “Compte tenu des attentes soulevées”, le comité d’experts “a demandé de prolonger le temps de travail afin de consolider ses réflexions”.
Première proposition phare de ce rapport : “pas d’écran” avant l’âge de trois ans. Fini les séries et dessins animés sur smartphone, refuges pour éviter les cris des enfants pendant les longs trajets en avion, train ou voiture. Le document recommande même un accès “fortement limité”, “occasionnel”, “avec des contenus de qualité éducative et accompagné par un adulte” avant six ans. Cet accès progressif à l’écran se poursuit après six ans. Le numérique doit se faire seulement pour une “exposition modérée et contrôlée”.
Sur le même modèle qu’une accessibilité progressive, dépendante de l’âge à l’écran, la commission propose tout bonnement l’interdiction des jouets connectés destinés au moins de six ans, à l’exclusion des boîtes à histoires connectées. Sujet bouillant de ce deuxième quinquennat, les assistantes maternelles, devraient bénéficier “d’actions renforcées”, suggère le document.
Une fois la jeune enfance passée, se pose très vite la question du téléphone à l’adolescence. Le rapport est extrêmement clair : pas de téléphone portable avant onze ans. Entre onze et treize ans, l’utilisation du téléphone est moins gênante, mais doit se faire “sans connexion internet”. De treize à quinze ans, la commission préconise un “téléphone connecté” sans pour autant avoir “accès aux réseaux sociaux”.
Une nouvelle mention “Ne convient pas aux moins de 13 ans”, pourrait également faire son apparition sur les smartphones, au moment de son achat. Ce rapport “est un guide [...] on ne mettra pas un policier devant chaque foyer”, a souligné le psychiatre addictologue, Amine Benyamina, invité de RTL. Après quinze ans, l’accès aux réseaux sociaux n’est pas prescrit, mais pose moins de problèmes. En revanche, les experts recommandent une inscription aux seuls réseaux sociaux éthiques. Parmi eux, Bluesky ou Mastodon, qui, encore aujourd’hui, recense moins d’utilisateurs que les ogres TikTok, Facebook, ou Snapchat.
Si le rapport des jeunes aux écrans a longtemps été interrogé, au sein même des familles, le document de 125 pages montre un véritable consensus quant aux effets négatifs des écrans sur le sommeil et la sédentarité des enfants. C’est pour cela que le groupe d’experts recommande de renforcer dès l’école élémentaire l'éducation au numérique et à ses dangers. Un élément de réponse au niveau d’accès importants aux contenus inappropriés comme la pornographie.
Parmi les dangers, le manque chronique de sommeil. Le comité propose ainsi de “repousser par exemple à dix heures l’horaire de début des cours au collège et au lycée”. Objectif : “s’adapter aux besoins physiologiques des jeunes”.
Le sport fait aussi partie des préoccupations du groupe composé de dix experts. Les moins de dix ans devraient aller au-delà des “trente minutes de sports quotidiennes”, et pousser ainsi à une heure, estime le rapport. Cela permettrait aussi d’augmenter le temps passé en extérieur pour les jeunes, sensibles des yeux.
Enfin, parmi les grandes propositions de ce rapport : le droit à la déconnexion. L’idée est claire : créer dans l’espace public, dans les entreprises, dans les bars-restaurants des zones blanches. Ce serait ainsi des “lieux zéro connexion”. Dans ces lieux, l’accès internet y serait complètement restreint, laissant place au dialogue, ou à la lecture, activités de moins en moins observées.
Autre idée : les experts s'interrogent également de voir déboucher des rituels de déconnexion, à certains moments de la journée. Plusieurs fois par jour, pendant quelques minutes, l’utilisateur passionné des réseaux sociaux ou non, laisserait ainsi son téléphone, pour se consacrer à une autre activité. Ce sont désormais aux parlementaires de s’emparer de cet ensemble de préconisations et restrictions, , pour pourquoi pas, déboucher, sur une proposition de loi.
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