À partir de ce lundi 22 avril et jusqu’au mardi 30 avril, les juifs célèbrent Pessah, la Pâque juive. Cette fête, l’une des plus importantes du judaïsme, s’ouvre dans un contexte international géopolitique sous haute tension. Les dix millions d’Israéliens s’apprêtent à vivre au rythme de Pessah, tandis que les hautes instances militaires israéliennes se tiennent prêts en cas de nouvel incident avec l’Iran et le Hezbollah libanais.
La réponse d’Israël et de Benyamin Netanyahu aux provocations iraniennes, aurait-elle été aussi mesurée si les juifs israéliens ne fêtaient pas Pessah quelques jours plus tard ? À ce stade, personne ne peut vraiment en être certain. Une chose est sûre : “la retenue” exigée par la communauté internationale la semaine dernière a, semble-t-il, été entendue. Israël revendique “un droit à se protéger” et ce sont seulement quelques frappes aériennes qui ont été entendues dans le centre de l’Iran. Pas la riposte redoutée, à tel point que les médias iraniens ne font part que de “quelques explosions”.
Si les israéliens ont continué de maintenir la pression en pilonnant les positions ennemies pendant la période du ramadan, la fête de la Pessah, elle, pourrait avoir un véritable impact sur ces prochains jours de guerre. “C’est un moment de réunion familiale, une période où les gens partent, etc. [...] La moitié du pays invite l’autre moitié du pays”, constate d’abord Denis Charbit, politologue à Tel Aviv et spécialiste d’Israël. “On peut émettre l’hypothèse que la raison pour laquelle la riposte israélienne a été très limitée”.
Souhaitée par la communauté internationale lors du démarrage du ramadan il y a quelques semaines, une trêve pendant la fête de la Pessah est-elle envisageable ? “Je ne suis pas certain que les considérations religieuses entrent dans l’examen des raisons qu’il y a d’attaquer ou de riposter”, répond le chercheur. Pourtant, la réponse israélienne a, jusqu'ici, été très limitée. “C’est pour donner un avertissement à l’Iran”, prévient Denis Charbit.
Cette année, comme pour les musulmans de Gaza pendant le ramadan, la Pessah risque d’être un petit peu spécial pour les juifs d’Israël. “C’est douloureux. Il reste encore 133 otages dans les mains du Hamas”, rappelle le chercheur. Pendant la Pâque juive, “tout le monde aura une pensée à la fois pour les 1 200 israéliens qui sont tombés le 7 octobre, mais aussi pour les soldats israéliens qui sont morts au cours des opérations depuis six mois”, analyse d’abord Denis Charbit avant de poursuivre : “la pensée la plus grave, c’est la pensée pour ces 133 personnes qui depuis six mois vivent ce calvaire et pour qui l’on a absolument aucune nouvelle”.
De là à souhaiter une trêve pour les Israéliens ? “La question d’une trêve dépasse la volonté des uns et des autres, car pour une trêve, il faut être deux. Pour libérer des otages, c’est l’humanité qui doit parler”, tranche le professeur de science politique à l’université d’Israël.
Au Proche et Moyen-Orient, l’Histoire récente montre que les fêtes religieuses ont été les points de départ dans les grands conflits qui ont marqué la région. En 1973, la guerre du Kippour a été provoquée le jour même du jour du Kippour. Le 7 octobre 2023, lors de l’attaque du Hamas en Israël, les juifs israéliens célébraient la fête de la joie de la Torah. “Je pense qu’il doit y avoir sans doute une petite vigilance. Attention, les fêtes sont souvent l’occasion de ces provocations”, alerte Denis Charbit qui précise que “si le Hezbollah ou le Hamas” décide de provoquer “quelconque attaque”, “ils trouveront tous les soldats israéliens qui n’ont pas de congé”.
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