Pessah est l'une des fêtes juives les plus connues et les plus célébrées. En 2024, elle a lieu du 22 au 30 avril. Les Juifs commémorent la libération du peuple hébreu qui était esclave en Égypte. Si Pessah est "la fête la plus essentielle" pour les Juifs, celle "de l’identité par excellence", c’est parce que cette fuite hors d’Égypte correspond à un moment fondateur : celui où les Hébreux "émergent" comme peuple.
Lors de la fête de Pessah, que l’on appelle aussi la Pâque juive, on commémore la libération du peuple hébreu qui était esclave en Égypte. Une libération qui est un moment fondateur dans l'histoire du judaïsme : c'est là où émerge le peuple hébreu.
La fête de Pessah c’est la fête de l’identité par excellence... C’est l’occasion chaque année de pouvoir reposer la question de l’identité profonde
Encore aujourd’hui, Pessah est "avec Yom Kippour la fête la plus célébrée dans tout Israël", rapporte Nissim Malka, rabbin de la grande synagogue de Lyon, d’après un récent sondage du démographe franco-israélien Sergio DellaPergola.
À Pessah, qui signifie "passage" en hébreu, on commémore un moment historique. La libération du peuple hébreu qui vivait en esclavage en Égypte. Si Pessah est "la fête la plus essentielle" pour les Juifs, estime le rabbin Nissim Malka, c’est parce cette fuite hors d’Égypte correspond à un moment fondateur, où les Hébreux se conçoivent comme peuple.
"La fête de Pessah c’est la fête de l’identité par excellence." C’est en effet la commémoration du moment "où commence le peuple juif", où "il se crée et se construit" et où il "émerge". "Donc c’est l’occasion chaque année de pouvoir reposer la question de l’identité profonde."
La fête de Pessah dure sept jours. Le premier soir de la fête est le plus important. "C’est le soir du seder, décrit Nissim Malka, un repas durant lequel la famille les proches se rassemblent." Au cours du seder, on récite la Haggada de Pessah, c’est-à-dire l’histoire du peuple d’Israël et de sa sortie d’Égypte. On revient sur l’histoire du peuple hébreu, avant même son installation en Égypte. "Et ce que ça représente au cours des siècles." Le repas peut donc se prolonger jusque tard dans la nuit !
Lors du seder de Pessah, la transmission, l’éducation et la pédagogie ont une importance particulière. C’est d’ailleurs l’un des commandements de la Torah : "… afin que tu puisses raconter à ton fils et au fils de ton fils comment je me suis joué des Égyptiens et quels signes j’ai accomplis parmi eux", dit Dieu à Moïse dans le Livre de l’Exode (Ex 10, 2).
Le premier soir de Pessah, cette soirée particulière, "permet à toute la famille de pouvoir poser des questions" sur l’identité juive dans son histoire. Et aussi à chacun de se questionner sur sa propre identité. On lit par exemple l’histoire des quatre fils, le sage, le méchant, le simplet, et celui qui ne pose pas de question. Lequel des quatre fils sommes-nous ou avons-nous été ?
À Pâques, les chrétiens mangent l’agneau pascal. Dans l’histoire du judaïsme, c’était une tradition, avant la destruction du Temple, au IIe siècle de notre ère, de sacrifier un agneau lors de Pessah. Et ce, en mémoire du "sang de l’agneau pascal badigeonné sur les linteaux des portes des Hébreux en Égypte", avant la libération.
Selon la Bible, c’est ce sang qui a permis aux Hébreux d’être épargnés alors que s’abattait sur le pays la dixième plaie d’Égypte, la mort de tous les premiers-nés. "Aujourd’hui il n’y a plus de temple, donc plus de sacrifice", précise Nissim Malka. Sur le plateau du seder, on place, selon la tradition, 10 éléments, parmi lesquels le zerowa. Il s’agit d’un morceau d’os, souvent de l’agneau, qui rappelle le sacrifice de l’agneau pascal.
Lors de la fête de Pessah il est question de sacrifice "au sens figuré", explique Nissim Malka. Ainsi, relire l’histoire c’est une façon de "nous rendre compte de ce qui a été les efforts et les sacrifices à travers l’histoire pour que nous puissions exister tels que nous sommes aujourd’hui", nous dit le rabbin. "Si on veut savoir qui on est, on a besoin de savoir le prix qui a été celui de ceux qui l’on payé pour qu’on puisse être celui qu’on veut être aujourd’hui."
La lecture de la Haggada rappelle "qu’à chaque génération il y a eu des gens qui se sont levés contre nous pour nous exterminer et nous avons survécu", explique Nissim Malka. Qui dit sortie d’Égypte dit en effet confrontation avec un certain nombre de peuples ennemis, comme "les Perses, les Mèdes, les Grecs, les Romains et encore plus récemment d’autres mouvements", souligne le rabbin. Et même avant l’Égypte, il y a eu "Laban qui a voulu exterminer Jacob", tout comme "le pharaon avec les Hébreux".
"Toutes ces énergies-là on les a intégrées dans l’histoire qui est lue lors de cette soirée-là. C’est toutes ces histoires que l’on questionne, ce sont toutes ces énergies dont nous héritons et dont nous devons prendre conscience pour avoir une idée du privilège que nous avons d’exister, de vivre avec cette histoire.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !