Pour le Pape François, les deux candidats à la Maison Blanche sont "contre la vie"

Un article rédigé par Philomène Dubois - RCF, le 16 septembre 2024 - Modifié le 17 septembre 2024
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De retour de Singapour, le Pape a renvoyé dos à dos Kamala Harris et Donald Trump lors d'une conférence de presse dans l'avion le 13 septembre. Pour lui, les deux candidats sont "contre la vie". Olivier Milza de Cadenet, historien, Frédéric Mounier, ancien chef du service religion de La Croix, et Paul Sugy, journaliste au Figaro, décryptent la déclaration du souverain pontife.

Pape François © Hans LucasPape François © Hans Lucas

De retour d'un voyage en Asie et en Océanie, le Pape François a déclaré : "Les deux [candidats] sont contre la vie. Que ce soit celui qui renvoie les migrants ou celui qui tue les enfants. Les deux sont contre la vie."

La question de l'IVG est devenue centrale dans la campagne présidentielle des États-Unis

Au sein de la vie politique américaine, la question de l'IVG (interruption volontaire de grossesse) ainsi que celle de l'immigration sont devenues centrales et se retrouvent au cœur de tous les débats. "Les élections américaines vont se jouer sur ces questions", affirme Olivier Milza de Cadenet.

Le mouvement pro-vie américain a connu un essor ces dernières années, à la faveur d'un regain d'intérêt de la part des politiques républicaines.

Un sondage réalisé par Gallup en 2009 révèle que, pour la première fois, il y a plus d'Américains "pro-vie" (51 %) que "pro-choix" (42 %). "Le mouvement pro-vie américain a pris de l'ampleur ces dernières années, notamment grâce à l'intérêt croissant des politiques républicains. C'est ce qui reste du mandat de Donald Trump avec la nomination de juges conservateurs à la Cour suprême des États-Unis", analyse Paul Sugy. La déclaration du pape peut être perçue comme "une réaction à la manière dont un certain nombre de conservateurs américains ont voulu moraliser le débat politique en se concentrant sur la question de l'avortement. Je vois dans les propos du pape une réponse à cet excès de moralisation de la vie publique", ajoute le journaliste.

La défense de la vie, de son commencement jusqu'à sa fin

Les papes défendent depuis longtemps "la vie, de son commencement jusqu'à sa fin, ainsi que l'accueil des migrants", estime Frédéric Mounier. Les États-Unis sont nés de la colonisation et de la révolution américaine de 1776. Selon l'ancien chef du service religion de La Croix, "depuis leur fondation, les États-Unis ont bâti leur démocratie sur la violence, les armes, le radicalisme religieux, la ségrégation et le génocide des Amérindiens. C'est un contexte extrêmement tendu et sanglant de la vie politique américaine depuis toujours. Il est possible que le pape ait voulu s'extraire de ces tensions."

La question de l'identité américaine et de l'immigration est une question identitaire pour les États-Unis

L'expression "Manifest Destiny" est apparue en 1845 pour désigner l'idéologie calviniste selon laquelle la nation américaine avait une mission divine : s'étendre vers la côte Ouest. "La question de l'identité américaine et de l'immigration est une question identitaire pour les États-Unis", affirme Olivier Milza de Cadenet.

La question de la responsabilité des morts liés à l'immigration

L'année 2024 est devenue la plus meurtrière dans la Manche depuis le début des traversées en bateaux de fortune. "Les morts liés à l'immigration sont une réalité indubitable", pour Paul Sugy. "Il y a un nombre croissant de candidats au départ. Je suis très sceptique quant à l'idée qu'une politique migratoire dissuasive, qui cherche à empêcher les candidats à la migration de prendre la mer, puisse être qualifiée de responsable de l'augmentation des décès aux portes de nos pays occidentaux. La responsabilité partagée ne repose pas uniquement sur les épaules des nations occidentales, submergées par cette vague migratoire."

Je suis très sceptique quant à l'idée qu'une politique migratoire dissuasive, qui cherche à empêcher les candidats à la migration de prendre la mer, puisse être qualifiée de responsable de l'augmentation des décès aux portes de nos pays occidentaux.

Pour l'historien Olivier Milza de Cadenet, la solution est de réduire les avantages sociaux accordés aux immigrés. "Une partie des migrants sont attirés par des avantages sociaux considérables. Si nous mettons fin à cet appel d'air, moins de personnes prendront des bateaux."

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