Après plusieurs années marquées par l’essor de la vente des produits bio, le secteur connaît une décroissance. 200 magasins spécialisés ont dû fermer leurs portes en 2022 et un souffle d’instabilité inédit plane sur la filière qui n’arrive plus à séduire les consommateurs.
Biocoop, NaturHouse, La Vie Claire, autant d’enseignes qui ont pignon sur rue et qui sont rentrées dans notre quotidien. Pourtant, les consommateurs d’un temps désertent les magasins spécialisés bio. Les enseignes enregistrent une baisse significative des ventes de 12% et la filière appelle à l’aide pour aider un marché qui n’arrive pas à s’imposer dans nos plats quotidien.
Il y a tout juste trois ans, la France vivait au rythme des confinements et de la crise sanitaire. Forts d’une population bien décidée à se recentrer sur le local, les petits commerces de proximité enregistrent des ventes record. Même constat pour les enseignes bio : une croissance de 15% et un chiffre d’affaires de plus de 20 milliards d’euros. La filière abonde de ventes et le secteur semble bien parti pour s’imposer dans les assiettes des Français.
Pourtant, dès la sortie des confinements successifs, la chute est brutale. “On a connu un arrêt soudain de la croissance. C’est lié à un phénomène sociétal : pendant le confinement, les gens aimaient beaucoup cuisiner, avaient de belles attentions sur les circuits-courts et la consommation locale. Ensuite, une partie de la population, pas ultra convaincue de la première heure, est retournée dans les magasins conventionnels”, analyse Fabien Flechard, directeur général de quatre magasins Biocoop Le Grenier à Gap et alentours.
Désormais, c’est la menace de fermeture définitive qui plane sur les magasins bio. Fabien Flechard doit déjà prendre la décision d’en fermer deux. “On apportait un service à la population avec ces magasins. Ils n’étaient pas rentables mais l’on pouvait les porter avec la croissance du marché. Aujourd’hui, on ne peut plus se permettre d’avoir des magasins moins efficaces que les autres”, déplore le directeur général.
Face à la crise qui touche l’agriculture biologique, le gouvernement - en la voix du ministre de l’Agriculture Marc Fesneau - lance un plan d’urgence de 10 millions pour venir en aide au secteur. La réaction du secteur est unanime : “décevant”, “insuffisant”, “méprisant”, juge-t-on du côté des acteurs de la filière. “C’est dérisoire par rapport à la filière bio qui est aujourd'hui une vraie filière agricole en France”, rappelle Philippe Camburet, président de la Fédération nationale d’agriculture biologique. Avec ses 60.000 fermes, et ses 13 milliards d’euros de chiffres d'affaires moyens, le secteur s’impose comme essentiel dans l’agriculture moderne. “On a l’impression que l’on ne mérite pas la solidarité nationale comme elle s’exprime vis-à-vis d’autres filières agricoles”, déplore le président de la FNAB.
Pourtant, la production agricole n’est pas délaissée par le gouvernement qui s’est fixé des objectifs précis. Le ministère de l’Agriculture vise 18% de la surface agricole en bio d’ici 2027. Une ambition assumée qui pourrait tomber à l’eau si rien n’est fait. “Pour cela, il faut s’en donner les moyens”, juge Philippe Camburet. Aujourd’hui, près de 9,5% de la surface agricole est conduite en agriculture biologique, soit 12% de plus qu’en 2019. C’est plus que tout autre pays en Europe.
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