Lundi 31 mars, les deux portes d’entrée de la basilique du Rosaire (à Lourdes, Hautes-Pyrénées), sur lesquelles figurent des mosaïques de Rupnik, ont été recouvertes. L’objectif : permettre à tous de pouvoir entrer dans la basilique et d’accéder à la grotte.
L’ancien jésuite, Marko Rupnik, accusé d’abus spirituels, psychologiques et sexuels par une trentaine de femmes, est l’auteur de ces mosaïques du Sanctuaire de Lourdes. À la suite de ces révélations, de nombreuses victimes de clercs ont manifesté leur souffrance et la violence que constituait désormais pour elles cette exposition.
En juillet 2024, Mgr Jean-Marc Micas avait donné son opinion personnelle dans un communiqué de presse en déclarant : “Ici, les victimes sont vivantes et l’auteur l’est aussi. Par ailleurs, j’ai compris au fil des mois qu’il n’était pas de ma responsabilité de raisonner à partir du statut d’une œuvre d’art, de sa 'moralité' qu’il faudrait distinguer de celle de son auteur”.
L’évêque rappelle alors que son rôle est de veiller à ce que le Sanctuaire accueille tout le monde, particulièrement ceux qui souffrent. “À Lourdes, les personnes éprouvées et blessées qui ont besoin de consolation et de réparation doivent garder la première place.”
Il fallait qu'on tienne compte de ce que les victimes d'abus nous disent
à propos de la présence des mosaïques du père Rupnik
Peu de temps avant le début de la saison des pèlerinages à Lourdes, c’est un pas de plus dans l’année Jubilaire, comme le souligne Mgr Jean-Marc Micas : “Il fallait qu'on tienne compte de ce que les victimes d'abus nous disent à propos de la présence des mosaïques du père Rupnik sur les portes de la basilique du Rosaire. Et symboliquement aussi, lesquelles portes donnent accès à la grotte”.
En concertation avec le recteur, l’évêque de Lourdes a pris la décision de recouvrir les mosaïques du père Rupnik sur toutes les portes de la basilique du Rosaire, par un motif reprenant le logo de l’année jubilaire. Les deux portes latérales ont été recouvertes lundi 31 mars, et les deux grandes portes centrales le seront à leur tour, juste avant le début de la saison des pèlerinages à Lourdes.
Cette décision s’inscrit dans le troisième vendredi du Carême, le 28 mars, qui est pour toute l’Église de France la Journée mémorielle de prière pour les victimes d’abus sexuels commis dans l’Église. Cette mesure ne fait cependant pas l’unanimité et rencontre une opposition chez certains.
Nous préférons avancer dans le calme plutôt que sous le feu des pressions diverses.
Nous travaillons pour le long terme, pour les victimes, pour l’Église, pour Lourdes et son message pour tous
C’est pour cette raison que Mgr Jean-Marc Micas n’a pas souhaité pour le moment retirer définitivement les mosaïques. La prochaine étape est la mise en place d’un groupe de travail qui portera une réflexion pour accompagner toutes décisions prises à leur sujet. “Nous préférons avancer dans le calme plutôt que sous le feu des pressions diverses. Nous travaillons pour le long terme, pour les victimes, pour l’Église, pour Lourdes et son message pour tous”, a déclaré l’évêque de Lourdes.
Mgr Jean-Marc Micas ne souhaite pas pour autant que cette décision soit reprise par les autres diocèses. “C’est entrer dans une spirale qui est extrêmement complexe, il faut réfléchir vraiment au cas par cas.” Le religieux souligne le message particulier de Lourdes, et invite à légiférer sur ces sujets avec discernement.
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