Le prix Sakharov vient d’être décerné à titre posthume à Jina Mahsa Amini, au Parlement Européen de Strasbourg. Seulement quelques jours après le Prix Nobel de la paix remis à l’iranienne Narges Mohammadi. Des distinctions internationales qui (re)mettent la lumière sur ce qui se passe en Iran depuis un an et depuis bien longtemps.
L'anthropologue française d’origine Iranienne, Chowra Makaremi, auteur du livre Femme, vie, liberté : échos d’un soulèvement révolutionnaire en Iran est notre invité.
Les images ont fait le tour du monde. Ces femmes et ces hommes qui manifestent dans les rues iraniennes : un véritable soulèvement populaire. Les suites de la mort de Jina Masha Amini ont été commentées, analysées, décortiquées et ont toujours un écho retentissant.
Un an plus tard, la révolution continue. Et certaines organisations internationales saluent la mémoire et le combat, toujours actuel, de ces citoyens iraniens. Prix Nobel, Prix Sakharov… Ces prix “n’interviennent pas après coup, mais à l’intérieur d’une lutte” décrit Chowra Makaremi, qui dans son livre décrit à distance ce qui se passe dans son pays natal.
Ces deux distinctions racontent un pan de la situation actuelle. Les parents de Jina Masha Amini ont été empêchés par le gouvernement iranien de se rendre à Strasbourg pour récupérer le prix Sakharov. A Oslo, ce sont les enfants de Narges Mohammadi qui ont pris la place de leur mère à la tribune. Toujours emprisonnée dans la prison d’Evin à Téhéran, Narges Mohammadi continue de transmettre son message, résumé par C.Makaremi : “Alors qu’elle est derrière le mur de la privation, de la cruauté depuis plusieurs années, loin de ses enfants, en 2022, un autre mur est tombé c'est celui de la peur en Iran [...] Ce que ce soulèvement a de révolutionnaire, c’est qu’il a fait trembler les règles du jeu de la participation politique. La contestation aujourd’hui demande un changement de régime”.
Ces absences ont un poids, une histoire. C’est là un l’enjeu du livre de l’anthropologue née en Iran. Raconter ces absences, comme celles de sa mère et de sa tante exécutées par le régime iranien entre 1981 et 1988. Cet héritage et ce militantisme, font partie de la genèse de ce qui se passe actuellement en Iran. Là où les révolutions précédentes concernaient spécifiquement certaines minorités (sexuelles, ethniques, religieuses), le soulèvement actuel a réunit l’ensemble de peuple iranien derrière “une seule origine de toutes ces expériences différentes : ce système profondément inégalitaire de la république islamique”
Chowra Makaremi convoque dans son livre le passé pour tenter d’expliquer le présent à travers de chroniques quotidiennes qui débutent le 15 septembre 2022, jour de la mort de Jina Marsha Amini. Au fil des pages, le parallèle entre les similitudes des mouvements révolutionnaires, et aussi les spécificités du soulèvement actuel permettent de suivre le fil de l'histoire. Celui d'un chemin vers l’espoir, que les iraniens veulent démocratique.
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