Le lundi 11 mars, dans une interview donnée à La Croix et Libération, Emmanuel Macron a présenté le contenu du texte législatif sur la fin de vie. Il prévoit une aide active à mourir sous conditions. Monseigneur Matthieu Rougé, évêque de Nanterre était l'invité de la matinale.
"C'est un sujet de tristesse et de préoccupation", déplore Monseigneur Matthieu Rougé. Trois semaines plus tôt, le président de la République avait annoncé un projet de loi de soins palliatifs avec des mesures d'exceptions. Pour l'évêque de Nanterre, l'annonce de ce projet de loi en est tout autre.
Dans son éditorial publié le 10 mars, dans La Croix, la journaliste Anne Ponce parle du projet de fin de vie comme d'un "détournement de la valeur de fraternité". Pour Monseigneur Matthieu Rougé, la fraternité signifie "prendre soin de chacun dans sa part de fragilité et dans sa souffrance". "Il ne s'agit pas de la minimiser, mais on ne répond pas vraiment à la souffrance par un geste létal", affirme-t-il.
Dans son interview, dès sa première réponse, Emmanuel Macron le dit : "Les mots ont de l’importance et il faut essayer de bien nommer le réel sans créer d’ambiguïtés." Pour l'évêque de Nanterre, il est important de ne pas dissimuler la réalité derrière des mots. "Aujourd'hui, il me semble que ce qui est proposé comme aide active à mourir est de l'ordre d'une manière ou d'une autre de l'euthanasie et du suicide assisté", juge-t-il.
Invitée à l'Élysée, le 7 mars dernier, sur le sujet hautement sensible de la loi sur la fin de vie, Monseigneur Matthieu Rougé a cité au président de la République le mot de Camus. "Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde. Et j'ajoutais, bien les nommer, peut nous aider à contribuer au bonheur et à la paix du monde", précise-t-il.
Dans une société soucieuse de la réussite, et notamment individuelle, il est difficile d'assumer sa part de responsabilité et de fragilité. Les chrétiens s'en prétendent dépositeurs. "Notre position sur ce sujet, n'est pas dogmatique, ni conservatrice, elle est progressiste", certifie l'évêque de Nanterre.
Selon Monseigneur Matthieu Rougé, "le véritable progrès est de prendre en compte les personnes dans leur globalité et dans leur fragilité." Une prise en charge des patients qui passe avant tout par la parole. "Nous devons collectivement continuer à progresser dans la solidarité et la prise en compte de la fragilité, comme le font déjà beaucoup de soignants, bénévoles ou chrétiens dans les soins palliatifs", incite-t-il.
D'ici 10 jours, le projet de loi sur l'aide à mourir doit être transmis au Conseil d'État pour être ensuite soumis au Conseil des ministres. La Conférence des évêques de France attend un projet de loi sur la fin de vie abouti afin d'analyser la critériologie annoncée. "Je pense que les premières réactions qui ont eu lieu depuis hier, peuvent permettre encore quelques ajustements", espère l'évêque.
Lors du temps parlementaire, les évêques de France ont l'intention de demander à être auditionné afin de faire entendre leur parole. "Je ne me fais pas d'illusion sur la difficulté du débat, mais je pense qu'un dialogue démocratique sérieux où chacun se fait entendre avec détermination et sérénité peut porter ses fruits", nuance Monseigneur Matthieu Rougé.
Du 19 au 22 mars prochain, les évêques se réuniront à Lourdes lors de l'Assemblée plénière de printemps des évêques de France.
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