Du 28 au 31 mars, la Conférence des évêques de France tenait à Lourdes son assemblée plénière de printemps. Entre autres sujets évoqués, la lutte contre la pédocriminalité dans l'Église et la fin de vie. Ce dimanche, la convention citoyenne sur la fin de vie a rendu un rapport dans lequel elle se prononce à 76% en faveur d'une aide active à mourir. En parallèle, les citoyens tirés au sort en décembre dernier demandent instamment "un accès à des soins palliatifs dans tous les établissements hospitaliers".
La fin de vie ainsi que la lutte contre la pédocriminalité étaient à l'ordre du jour de l'assemblée des évêques, qui s'est achevée ce vendredi 31 mars. Mgr Pierre-Antoine Bozo, évêque de Limoges et porte-parole de la Conférence des évêques de France (CEF), revient longuement sur la déclaration solennelle des évêques sur la fin de vie.
Ce dimanche, la Convention citoyenne sur la fin de vie a rendu un rapport dans lequel elle se prononce à 76% en faveur d'une aide active à mourir. En parallèle, les citoyens tirés au sort en décembre dernier demandent instamment "un accès à des soins palliatifs dans tous les établissements hospitaliers". "Ce qui est un peu étrange dans l'avis du Comité consultatif national d'éthique [du 13 septembre 2022, ndlr], ainsi que dans le résultat de cette convention citoyenne, s'étonne Mgr Pierre-Antoine Bozo, c'est que l'on souligne l'insuffisance des soins palliatifs tout en ouvrant la possibilité d'une loi permettant l'euthanasie ou du suicide assisté."
Le porte-parole de la CEF le déclare : "À partir du moment où la réponse à la vulnérabilité, la maladie, peut être de mettre un terme à la vie, il est évident que des forces humaines supplémentaires ne seront pas engagées au service des soins palliatifs." Défenseur convaincu d'une "aide active à vivre et non à mourir", il observe que "dans tous les pays où l'euthanasie ou le suicide assisté sont légalisés, les soins palliatifs ne sont plus du tout la priorité". "L’aide active à vivre, un engagement de fraternité", c'est d'ailleurs le titre de la déclaration solennelle des évêques à Lourdes.
La loi Claeys-Leonetti de 2016, qui permet l'allègement des souffrance sans les abréger, constitue pour les évêques un cadre à ne pas dépasser. "Le plus loin où nous pouvons aller en restant respectueux de la dignité absolue de la vie, c'est la sédation profonde et continue jusqu'à la mort, qui permet d'altérer la conscience de sorte que la souffrance physique vécue ne soit plus insupportable", estime Mgr Bozo, ajoutant que "la science palliative a énormément progressé". À ce jour, 26 départements sont toujours dépourvus d'unité de soins palliatifs.
Dans l'évolution législative qui se profile et qu'il combat, le prélat voit l'expression d'un malaise grandissant devant la mort. "Nous ne parlons pas de la mort, elle est une forme de tabou, nous la cachons, employons des euphémismes pour en parler. Je crois qu'il nous faut nous réconcilier avec la mort, affirme-t-il. Il y a une bonne mort dans la tradition chrétienne : on prie Notre-Dame de la bonne mort. Il y a là quelque chose à faire connaître et promouvoir davantage pour que la fin de vie ne soit pas simplement un moment effrayant."
Cette conviction n'est pas propre aux chrétiens, mais partagée largement au-delà des sphères religieuses
Si elle peut être motivée par des convictions religieuses, l'opposition à l'euthanasie se défend, selon Mgr Bozo, sur le simple plan anthropologique. "La lumière de l'Évangile donne comme un soutien encore plus fort à des convictions non confessionnelles, de solidarité humaine, de sagesse et de bon sens. Cette conviction n'est pas propre aux chrétiens, mais partagée largement au-delà des sphères religieuses", considère Mgr Bozo. Ainsi, "il y a une longue tribune de Michel Houellebecq dans le Figaro de ce jour : Michel Houellebecq n'est pas chrétien, mais est très investi dans la lutte contre l'euthanasie", note-t-il. L'auteur du livre "Anéantir" (éd. Flammarion, 2021), dont les positions sur le sujet ne sont pas nouvelles, écrit : "Ce mélange d'infantilisation extrême, où l'on s'en remet à l'institution médicale pour décider jusqu'à l'instant de sa mort, et de revendication geignarde d'une 'liberté ultime' a quelque chose, disons-le franchement, qui me dégoûte"...
Autre sujet évoqué à Lourdes, et non des moindres : la gestion des abus commis au sein de l'Église. Les évêques ont entériné l'idée du "celebret national", déjà évoquée lors de l'assemblée d'automne. Il s'agit d'un "genre de carte d'identité des prêtres qui permet qu'un prêtre condamné pour des faits d'abus, ou frappé par une mesure qui l'empêche par exemple de confesser ou d'être en contact avec des jeunes, soit identifié toujours et partout", explique le porte-parole de la CEF. "Donc quand un prêtre ira dans un sanctuaire ou une paroisse qui n'est pas la sienne, on lui demandera son celebret", assure Mgr Bozo, précisant que "ce celebret a été mis en place par une commission qui a fait un gros travail". L'objectif : "qu'il n'y ait pas de trou dans la raquette"...
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