Que comprendre de la Résurrection ?

"Le mot français n'est pas un mot biblique, on ne le trouve pas tel quel dans la Bible, mais il veut dire quelque chose que je trouve très belle, c'est-à-dire que nous avons été suscités à l'existence, Dieu nous a suscités, nous n'étions pas et nous sommes, analyse le père  Éric Morin, prêtre du diocèse de Paris et professeur au Collège des Bernardins. Et maintenant, il va nous re-susciter par-delà la mort, pour entrer dans la vie éternelle". "Les termes bibliques, c'est relever et réveiller", précise-t-il.

À la vérité, le terme de "résurrection" a toujours revêtu une part de mystère. "Ce vocabulaire a toujours étonné, pour une raison simple, c'est qu'il était utilisé à l'époque de Jésus par Pierre, Jacques, Marie, Joseph, pour parler de la fin des temps. À la fin des temps, Dieu relèvera tout le monde et fera justice pour ouvrir le Royaume", explique le théologien. "Tout d'un coup, on se met à en parler pour une personne, non pour tout le monde, et ce n'est pas la fin des temps, la preuve, on est encore là pour en parler".

Relèvement de toutes choses

Le passage de la Mort à la Vie est un don divin dont, déjà sur Terre, on goûte au quotidien la puissance. "La résurrection est un relèvement de toutes choses, c'est une expérience que nous pouvons faire. Nous sommes relevés par une expérience de pardon, relevés par une expérience de consolation, relevés par une expérience de paix intérieure. Le mot ‘réveiller' nous dit que la mort n'est qu'un sommeil après lequel on se réveille", affirme Éric Morin. "C'est le message qui distingue la foi chrétienne de toutes les autres formes de foi et d'espérance", insiste-t-il.

La vie après la mort

"Comme le dit la profession de foi, le Credo, ‘je crois en la résurrection de la chair', à savoir quelque chose à quoi je ne comprends absolument rien, rappelle le prêtre. Ce que je comprends, moi aujourd'hui, et que j'arrive à dire, c'est que la résurrection est plus que l'immortalité de l'âme, dans la mesure où l'expérience charnelle sera elle-même concernée. Nos rencontres, ce que nous avons vécu dans la chair seront concernées par la résurrection". "Paul a une belle comparaison, souligne-t-il, c'est celle de la semence. Il dit que nous sommes la semence des belles plantes que nous serons dans l'éternité. Quand on voit la graine, on n'imagine pas la fleur. Pour l'instant, nous ne sommes que la graine".

Paul a une belle comparaison, c'est celle de la semence. Il dit que nous sommes la semence des belles plantes que nous serons dans l'éternité

Dans sa première épître aux Corinthiens (1 Cor, 15 : 36-44), Saint Paul écrit ces mots : "Réfléchis donc ! Ce que tu sèmes ne peut reprendre vie sans mourir d'abord ; et ce que tu sèmes, ce n'est pas le corps de la plante qui va pousser, mais c'est une simple graine : du blé, par exemple, ou autre chose. Et Dieu lui donne un corps comme il l'a voulu : à chaque semence un corps particulier. Il y a plusieurs sortes de chair : autre est celle des hommes, et autre celle des bêtes, autre celle des oiseaux, et autre celle des poissons. Il y a des corps célestes et des corps terrestres, mais autre est l'éclat des célestes, autre celui des terrestres ; autre est l'éclat du soleil, autre l'éclat de la lune, autre l'éclat des étoiles ; et chaque étoile a même un éclat différent. Ainsi en est-il de la résurrection des morts. Ce qui est semé périssable ressuscite impérissable ; ce qui est semé sans honneur ressuscite dans la gloire ; ce qui est semé faible ressuscite dans la puissance ; ce qui est semé corps physique ressuscite corps spirituel ; car s'il existe un corps physique, il existe aussi un corps spirituel".

Un peu plus loin, comme une synthèse de l'espérance chrétienne (1 Cor, 15 : 55) : "Ô Mort, où est ta victoire ?"