La réforme des retraites entre dans sa dernière ligne droite. Une commission mixte paritaire composée de sept députés et sept sénateurs se réunit aujourd’hui au Palais Bourbon. Les parlementaires tenteront de s’accorder sur un texte définitif qui, le cas échéant, sera soumis demain au vote du Sénat, puis de l’Assemblée nationale. Pendant ce temps, la rue gronde toujours.
"Bien sûr que c'est difficile d'aller expliquer aux Françaises et aux Français que certaines d'entre elles, certains d'entre eux vont travailler deux ans de plus. Simplement, il faut dire pourquoi : c'est pour sauver un système de répartition, c'est-à-dire un système de solidarité intergénérationnelle", défend Antoine Armand, député Renaissance de Haute-Savoie.
A la veille d’un vote à haut risque pour la majorité dont il fait partie, il invite ses collègues de droite à adopter le texte. "Les LR à l'Assemblée nationale, s'ils veulent être cohérents, doivent voter ce texte et surtout, sont face à un dilemme : rester un parti de gouvernement ou devenir un parti du renoncement", estime-t-il. "LR a, dans son identité politique, la défense de la maîtrise des finances publiques et le sauvetage de notre système de retraites. Valérie Pécresse, encore en 2022, défendait une réforme à 65 ans, donc les LR doivent faire preuve de cohérence à la fois avec leur famille politique, avec leurs collègues du Sénat, et avec leur identité politique".
"La commission mixte paritaire n'est pas du tout un outil extraordinaire, c'est même l'outil principal de la discussion entre le Sénat et l'Assemblée nationale, et c'est un outil vertueux puisque, justement, il permet d'aboutir à un consensus entre nos deux chambres", avance Antoine Armand, qui balaie le procès en opacité venu de la NUPES. La présidente du groupe LFI Mathilde Panot a notamment menacé de faire fuiter les échanges tenus à huis clos.
"J'entends les oppositions qui prétendent que c'est un travail en catimini, qui nous accusent de le faire à huis clos… Nous respectons, nous, le règlement de nos assemblées. Nous respectons nos procédures républicaines et démocratiques et ça n'a rien d'anodin dans la période, quand on voit le comportement de certaines oppositions", raille le député, en référence aux débats passés sur les retraites, qualifiés dans sa bouche de "semaines de sabotage" et "d’outrage" dans l’hémicycle.
Alors que le nucléaire s’est invité à l’Assemblée hier, la Commission d’enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la France doit rendre ses travaux prochainement. Sa création début octobre avait été demandée par le chef de file du groupe Les Républicains à l’Assemblée, Olivier Marleix. Antoine Armand en est le rapporteur.
"Je rendrai dans quelques jours mon rapport qui tirera toutes les conclusions nécessaires de la soixantaine d’auditions, des plus de 150 heures - je crois que c'est inédit pour une commission d'enquête - d’auditions d'anciens premiers ministres, d’anciens ministres, de responsables énergétiques et, demain, d'anciens présidents de la République". Nicolas Sarkozy et François Hollande seront entendus jeudi 16 mars.
Le député relativise la perte de souveraineté énergétique dont le gouvernement est tenu pour responsable par les oppositions. "Comme disait Jean-Marc Jancovici dans une des auditions, la dernière fois que la France était indépendante énergétiquement, c'était quand elle n'utilisait, au Moyen Âge, que des énergies renouvelables, rapporte-t-il, et personne ne veut y retourner, je crois".
En 2018, Emmanuel Macron annonçait la fermeture de 14 réacteurs. Début 2022, son discours de Belfort marquait un changement de braquet : le président annonçait la construction de 14 nouveaux réacteurs. "Ce que dit le président de la République à l'époque, c'est qu'il faut décaler l'horizon de fermeture qui avait été fixée par la loi de 2015", justifie Antoine Armand. A l’époque, le chef de l’Etat assumait pourtant de vouloir "réduire la part du nucléaire" dans le mix énergétique, conformément à une promesse de campagne.
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