La Première ministre française Elisabeth Borne s’est prononcée mardi sur la réforme du système de retraites. Elle a notamment annoncé que l’âge de départ à la retraite allait être repoussé à 64 ans. Cette dernière annonce suscite de nombreuses polémiques et révèle également la situation économique de la France.
La démographie est un premier facteur à prendre en compte pour comprendre l'objectif de cette réforme souligne Stéphane Vernay, directeur délégué de Ouest France à Paris : "dans un système de retraite par répartition, le mécanisme repose sur la cotisation des actifs pour les retraités. Si on supprime ce système, seuls ceux qui ont les moyens de se payer une retraite en auront une. Or le nombre d'actifs par rapport au nombre de retraités ne cesse de diminuer d'années en années". Si les actifs travaillent plus longtemps, cela compenserait le problème soulevé lié à la démographie qui ne permet pas aujourd'hui de couvrir tous les frais : "soit on recule l’âge d’entrée à la retraite, soit on augmente les cotisations, soit on diminue les pensions accordées aux retraités" ajoute Stéphane Vernay pour qui "réformer les retraites est devenu un impératif"
L’autre élément clé de cette réforme est lié à la dette française. Stéphane Vernay précise que "le niveau de dette dans notre pays frise les 3 000 milliards d’euros, soit 113% de notre PIB on est face à un gouvernement qui continue à creuser des déficits budgétaires abyssaux". On compte également un déficit public de155 milliards pour 2023 "C’est une dette énorme, on n’a jamais atteint des niveaux pareils, et cette dette pèse sur les générations futures" affirme Stéphane Vernay qui ajoute que "pour se financer, l’Etat emprunte 170 milliards d’euros"
"Cette réforme ne ressemble pas aux projets précédents" analyse Eric de Legge, rédacteur en chef du site Aleteia. Il remarque en effet que cette annonce n'a rien à voir avec le projet pour une retraite universelle par points évoqué il y a deux ans et demi. “Tout le monde est un petit peu perdu, on ne sait pas où les économies vont être faites. On agite presque comme un oripeau la réforme des retraites mais on n’arrive plus à lire le message politique derrière cette reforme". Stéphane Vernay ajoute : ”cette logique différente est politiquement très surprenante et illisible. C’est pour l’Etat une façon de présenter que l’on fait quelque chose avec des économies réelles et effectives : on parle de 23 milliards d’euros d'économie quand la réforme portera ses fruits”.
Face au mouvement social que suscite la réforme, qui rappelle dans une moindre mesure le mouvement des Gilets Jaunes de 2018, Stéphane Vernay précise que si la fin des régimes spéciaux semble évidente, “tous ne disparaissent pas. La réforme s’applique pour l’essentiel de la population. Il faut prendre en compte la pénibilité des fonctions". Cependant Stéphane Vernet rappelle : "le mouvement des gilets jaunes est le premier signe de déraillement dans la gestion financière du pays. En effet, le quoi qu’il en coûte serait fini selon Bruno Le Maire mais on continue les petits chèques. Un principe de réalité et de raison fait que on est obligé de venir à une réforme que personne ne veut". Face aux mouvements sociaux, Eric de Legge pense que la majorité présidentielle ne semble pas inquiète, ce qui n'est pas le cas avec les syndicats qui peuvent mettre une vraie pression.
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