Réouverture de Notre Dame de Paris : l'histoire de la cathédrale 2/5

Après une première partie consacrée à la construction de la cathédrale. Nous nous penchons sur la relation entre Notre-Dame et les rois de France. Bruno Seillier, en 1239 à lieu le geste de Saint Louis. C’est un moment clé ? 

En 1239, c'est l'apogée de la monarchie capétienne. Saint-Louis est l'arbitre des conflits en Europe. C'est un roi exemplaire. Le royaume connaît un développement extraordinaire. Saint-Louis va acheter à Constantinople les reliques de la Passion, la couronne d'épines et d'autres objets. Saint Louis va payer un prix exorbitant, l'équivalent des recettes du Royaume de France pendant un an. Il va ramener ces reliques à Paris. Il vient à Notre-Dame, pieds nus, en simple tunique ; C'est une des grandes scènes de l'histoire de Notre-Dame de Paris. Ensuite, il va faire bâtir la Sainte chapelle pour abriter ses reliques. 

C’est l'ancrage de la royauté avec Notre-Dame de Paris ?

Oui, et cela donne aussi à Paris et à la cathédrale un prestige inouï dans la chrétienté. C'est-à-dire une nouvelle Jérusalem. C'est là que seront conservées les reliques les plus importantes de la chrétienté. Donc c'est en faire un nouveau centre spirituel et qui marque une fois de plus l'alliance, maintenant pluriséculaire, qu'il y avait entre la monarchie, entre le royaume de France et  et l'Église catholique. 

Toujours au Moyen-âge, mais quelques années plus tard, le 13 avril 1302, le roi Philippe le Bel ouvre les premiers états généraux. Là, on est dans une dimension plus politique.

Notre-Dame est le plus grand lieu pour accueillir pour réunir les représentants du royaume noblesse, clergé et bourgeoisie. C’est un moment particulier parce que Philippe le Bel est en conflit avec la papauté. ll réunit ces états généraux pour s'opposer au pape. Il s'oppose dans le lieu même du lien entre l'église et la monarchie. Cela montre bien qu’à cette époque tout est lié, la foi, le politique.

Les reliques de la Passion donnent à Notre-Dame de Paris un prestige inouï dans la chrétienté

On fait un saut dans le temps. 1638 le vœu de Louis XIII…

Louis XIII n'arrive pas à avoir d'enfant avec Anne d’Autriche. Il vient mettre en quelque sorte sa couronne et son royaume sous la protection de la Vierge Marie. C'est un geste très fort. Peu de temps après, Anne d’Autriche et Louis XIII vont avoir la joie d'attendre le futur Louis XIV. Donc c'est un moment extraordinaire où tout un royaume est confié à la protection de la Vierge Marie. C'est une grande première dans l'histoire. 

Quelle était la relation de Louis XIV avec Notre-Dame de Paris ?

Notre-Dame de Paris n'a pas d'équivalent, même s'il y a une chapelle-royale à Versailles. C'est dans Notre-Dame que sont accrochés les drapeaux pris à l'ennemi, que sont célébrées une fois de plus des messes à la suite de grandes victoires. C'est le sanctuaire national. Comme son père avait une grande dévotion à la Vierge, Louis XIV veut se placer dans la continuité. Le chœur va être remanié pour garder mémoire de ce moment-là. C'est comme ça qu'on a maintenant, autour de la Pietà, la sculpture de Louis XIV et Louis XIII, les deux invoquant la protection de la Vierge Marie. 
Il y a donc une rénovation à cette époque-là ? 
Oui, les travaux vont débuter à la fin du XVIIeme, vers 1699 et vont se terminer en 1732, à peu près dans la configuration qu'on a connue lorsque l'incendie de 2019 a frappé Notre-Dame. C'est une permanence dans l'histoire d'aménager le chœur liturgique, le monument pour qu'il reste aussi lié à l'esprit du temps, aux nouveaux usages aussi. 

Notre-Dame de Paris, c'est plus qu'une cathédrale, mais aussi le trait d'union entre le roi et ses sujets ?

On a du mal à imaginer l'importance de Notre-Dame. Lorsqu’un nouveau roi vient à Paris, il vient d'abord à Notre-Dame. Lorsque le roi meurt, la veillée funèbre a lieu à Notre-Dame, avant que le corps ne soit emmené à Saint-Denis. C'est vraiment très lié à la vie du peuple. du peuple parisien, mais aussi à la vie de la monarchie. Cette imbrication, on va la connaître jusqu'aux premières heures, bien sûr, de la Révolution française.