Salon de l'Agriculture : l'INRAE en première ligne pour la gestion de l'eau

Alors que la gestion de l'eau devient un enjeu crucial pour l'agriculture face au changement climatique, l'INRAE mobilise plus de 200 chercheurs au Salon de l'Agriculture à Paris. Parmi eux, Bruno Cheviron, directeur de recherche à l'INRAE Montpellier, mettra en avant des innovations destinées à optimiser l'irrigation tout en minimisant l'impact environnemental.  

L'irrigation au cœur de la recherche  

"Nous vivons une période de tension sur la ressource en eau, et les agriculteurs en sont en première ligne", explique Bruno Cheviron. Physicien de formation, il pilote l’équipe OPTIMISTE (Optimisation du pilotage des technologies d’irrigation, minimisation des intrants et transferts environnementaux) à l'INRAE-UMR Géo de Montpellier. Son équipe étudie les processus biophysiques liés à l’irrigation à différentes échelles, de la parcelle agricole au territoire.  

À Paris, Bruno Cheviron présentera les avancées de son unité de recherche : "Nous allons exposer trois approches complémentaires : la métrologie des flux dans l’environnement, l’optimisation des modèles d’irrigation, et des recherches exploratoires sur l'irrigation urbaine pour lutter contre les îlots de chaleur."  

Des solutions pour répondre aux défis climatiques  

Le chercheur insiste sur l'importance de fournir des outils concrets aux agriculteurs face aux contraintes croissantes : "Ils sont confrontés à des défis énormes, comme les restrictions estivales ou le partage de la ressource. Notre rôle est de les accompagner pour mieux gérer l'eau tout en maintenant la viabilité économique de leurs exploitations."  

Parmi les solutions développées, les capteurs de métrologie des flux permettent de mesurer en temps réel l'humidité du sol et l'état hydrique des cultures. "Ces données précises aident à prendre des décisions éclairées sur l’irrigation. Cela réduit le gaspillage d'eau tout en optimisant le rendement", précise-t-il.  

Le modèle d'optimisation de l'irrigation, quant à lui, simule différentes stratégies pour trouver le meilleur équilibre entre quantité d’eau utilisée, rendement et viabilité économique. "On peut l’utiliser en temps réel pour ajuster l'irrigation ou rétrospectivement pour analyser des stratégies passées et imaginer des scénarios futurs."  

Un dialogue nécessaire avec le monde agricole  

Cependant, Bruno Cheviron reconnaît la difficulté de faire le lien entre le monde académique et le terrain. "La connexion avec le monde opérationnel agricole n'est pas toujours évidente. Nous avons besoin de passeurs de savoirs : des ingénieurs agricoles, des conseillers ou encore des irrigants expérimentés capables de traduire nos recherches en solutions pratiques."  

L’INRAE ne se contente pas de produire des connaissances théoriques. "Notre mission est de les décliner de manière appliquée en tissant des liens avec le monde agricole", explique-t-il. Pour cela, le modèle d'optimisation d’irrigation est en cours de finalisation avec une interface graphique intuitive, bientôt prête à être déployée à grande échelle.  

L’importance d'être au Salon de l'Agriculture  

Le Salon de l'Agriculture est une opportunité unique pour recueillir les retours des agriculteurs et renforcer les interactions avec les différents acteurs du secteur. "C’est essentiel d’être là, de discuter avec les utilisateurs finaux, mais aussi avec des collègues d'autres disciplines", insiste Bruno Cheviron.  

En effet, la gestion de l’eau dépasse le cadre technique et agricole : "On touche à des enjeux économiques, sociaux et environnementaux. Le dialogue entre agriculteurs, gestionnaires de territoires et chercheurs est indispensable pour relever ces défis complexes."  

En s’engageant activement au Salon de l'Agriculture, l'INRAE réaffirme son rôle de leader en matière d'innovation pour l'agriculture de demain. Pour Bruno Cheviron, c'est l'occasion de sensibiliser aux enjeux de la gestion de l'eau tout en présentant des solutions concrètes pour un avenir agricole plus durable.