La santé mentale, un enjeu de société
En partenariat avec Fondation Falret
En partenariat avec Fondation Falret
Anne-Gaël Guiol de la Fondation Falret nous parle de la santé mentale des jeunes.
Tout n’est pas au beau fixe pour eux ; leur état de santé mentale est assez préoccupant. En 2021 en France, un jeune sur cinq confiait avoir connu un épisode dépressif. C’est deux fois plus qu’il y a dix ans.
Il est évident que la situation sanitaire a fortement dégradé leur santé mentale. C’est aussi le cas chez nos voisins en Belgique par exemple ou en Norvège. Les jeunes se sont sentis pris au piège, sacrifiés durant les confinements et les pics épidémiques. Ils n’avaient plus la possibilité de nourrir les relations sociales qui sont essentielles au bien-être, en particulier à cet âge-là. Seulement, on observait déjà avant la Covid une augmentation du mal-être chez eux. Et depuis, ça ne s’est pas vraiment résorbé.
On met de plus en plus en cause les réseaux sociaux comme Instagram ou TikTok. Encore récemment, ce 23 mai, le médecin-chef des États-Unis a publié un rapport qui alerte sur leurs « effets extrêmement nocifs ». Des liens ont été démontrés entre leur utilisation et l’apparition de symptômes dépressifs. Sur les réseaux, les jeunes sont quotidiennement exposés au regard des autres, à une mise en scène d’idéaux de vie et de beauté très éloignés de la réalité. Ils se comparent, se jugent, se déprécient. Ils font face à des risques d’addiction, de cyber harcèlement et à des contenus dangereux. Il y a aussi l’exposition toujours plus tôt et plus longue aux écrans. Cela se fait au détriment d’activités nécessaires au développement. Moins de jeux avec d’autres enfants, d’imaginaire, d’activité physique essentielle au bien-être. Enfin, les enfants et les ados sont spectateurs d’une actualité violente et angoissante en rapport notamment avec la situation environnementale et la crise écologique qui menace directement toutes ces générations.
On estime qu’ils sont 1,6 million. Mais seulement 750 000 bénéficient de soins prodigués en pédopsychiatrie. C’est tout le système en santé mentale et pédopsychiatrique en France qui est en souffrance. Les jeunes patients peuvent attendre dans certaines villes jusqu’à deux ans pour avoir accès à un centre médico-psychologique infanto-juvénile. On manque de place, on manque de professionnels. Il y a deux fois moins de pédopsychiatres qu’il y a dix ans.
D’autant que les problèmes de santé mentale surviennent tôt chez les enfants. On a longtemps minoré cette réalité en se concentrant sur des troubles psychiques qui apparaissent vers l’adolescence comme les troubles alimentaires, bipolaires ou schizophréniques. En réalité, les plus jeunes peuvent aussi connaître des situations de grande souffrance psychique. Autres oubliés, les étudiants. Avec la situation économique actuelle, ils sont très vulnérables. Beaucoup connaissent la précarité or survivre grâce à l’aide alimentaire et se priver de repas met clairement en danger leur état de santé mentale et leur sécurité.
Il y a une vraie nécessité à investir dans notre jeunesse, à prendre soin de toutes ces générations, on peut même parler d’urgence. Il faut que les dispositifs de prise en charge soient renforcés avec des équipes mobiles et davantage de lieux de soutien. Il faut aussi des politiques de prévention plus conséquentes auprès des jeunes mais aussi des parents pour réduire les situations d’urgence. L’OMS le répète avec raison : un dollar investi dans la santé mentale en fait économiser cinq, prévenir plutôt que guérir.
Une chronique en partenariat avec la Fondation Falret, une fondation reconnue d'utilité publique, fondée en 1841 par le psychiatre français Jean-Pierre Falret; elle accompagne des personnes souffrant de troubles psychiques et/ou en difficultés psychosociales afin qu’elles trouvent leur place dans la société et exercent pleinement leur citoyenneté.
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