Des températures dignes d’un mois de juillet et des sols très secs. 15 départements sont placés en vigilance sécheresse, 10 d’entre eux sont en état d’alerte. De quoi alimenter la crainte des agriculteurs d’avoir de très faibles rendements.
Il y aurait de quoi se réjouir de ce temps estival et pourtant la situation est de plus en plus dramatique, pour bon nombre d’éleveurs et d’agriculteurs et surtout pour la planète. Avec un thermomètre qui monte jusqu’à 30 degrés et aucune averse depuis des semaines, plusieurs départements ont un déficit pluviométrique de 70%. Selon le ministère de la Transition écologique, le Maine-et-Loire, la Vienne, la Charente-Maritime, la Charente, l’Ain, la Drôme, les Alpes-Maritimes, les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse et les Deux-Sèvres sont concernés. Des restrictions d’eau sont instaurées dans certains départements.
Une sécheresse qui aura des conséquences côté agriculteurs d’une part sur la production des céréales et sur leur rendement. D'autre part côté éleveurs puisque l’herbe manque pour nourrir les bêtes. "Ça commence à être problématique parce que pour faire pousser de l'herbe, ce serait la pleine période et le déficit hydrique commence à se faire sentir", constate Fabien Samson qui élève 65 vaches laitières dans le Loir-et-Cher. Les agriculteurs sont désormais autorisés à faucher l’herbe des pistes d’aéroport et des terrains militaires pour nourrir leurs animaux.
Il est très rare qu’il fasse aussi sec et chaud si tôt dans l’année. C’est déjà arrivé, notamment en 1976. "Cet épisode de sécheresse est dû au fait qu'il a très peu plu pendant les mois de janvier à mars qui sont les mois pendant lesquels il pleut beaucoup d'habitude en France. On est dans une situation qui n'est pas sans précédent mais qui est très critique", explique Robert Vautard, climatologue et directeur de recherche au CNRS.
Une sécheresse d’autant plus inquiétante que c’est habituellement à cette période de l’année que les nappes phréatiques se rechargent avant l’été. Aujourd’hui, avec aussi peu de pluie, elles sont à un niveau préoccupant dans certaines régions. Mais si la situation s'accentue, cela pourrait avoir de lourdes conséquences. "Avec des niveaux trop bas, il y a un risque de dénoyage des puits avec des ruptures d'alimentation en eau potable. Les nappes en été régulent le débit des cours d'eau. S'ils ont un débit trop bas, ça a un impact sur la faune et sur la flore", analyse Violaine Bault, hydrogéologue au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).
Météo France annonce des orages durant le week-end. La pluie devrait pouvoir alléger la sécheresse pendant quelques jours. "Pour la sécheresse actuelle, il y a déjà une perte de rendement irrécupérable. Le but c'est de l'atténuer soit pas l'irrigation soit par les nouvelles pluies. Les orages devraient revenir en France mais ce sont des pluies qui tombent en très grosses quantités d'un coup et qui percolent très mal le sol mais ça permet d'alléger la sécheresse de quelques jours", estime Serge Zaka, docteur en agro-climatologie chez ITK, une société qui modélise les événements climatiques et leurs conséquences sur l’agriculture.
Un court répit seulement car même s’il pleut beaucoup, cela pourrait ne pas suffire à inverser la tendance. "Ça va être très difficile puisque les pluies, au moment où la végétation reprend, s'infiltrent très peu en profondeur. Elles servent d'abord à humidifier les sols, ensuite à l'alimentation des végétaux via les racines. Et quand il y a vraiment des fortes pluies, on voit des infiltrations jusqu'à la nappe. Mais c'est relativement exceptionnel. Météo France nous prévoit chaud et sec donc on reste assez pessimiste", affirme selon Violaine Bault.
Les experts préconisent de faire attention à ne pas gaspiller l’eau et de faire attention à notre consommation. On conseille aussi de ne pas arroser trop abondamment son jardin. Et plus largement, il y a aussi des solutions de moyen ou long terme pour les agriculteurs. "On a la recherche de nouvelles espèces comme le sorgo qui peut remplacer le maïs. Il est moins consommateur d'eau et plus résistant aux fortes chaleurs. Ensuite, il y a l'amélioration des techniques culturales avec l'agriculture de conservation des sols et moins de labour", détaille Serge Zaka.
Les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique ont de leur côté annoncé que le fonds d’aide aux agriculteurs face au changement climatique sera abondé de 20 millions d’euros supplémentaires, en plus des 20 millions déjà mis en place.
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