Cannes
Le violent séisme en Turquie et en Syrie, qui a fait près de 40.000 morts, a détruit la ville d'Antioche. Cette cité emblématique de l'histoire du christianisme est citée dans les Actes des apôtres : c'est là que, pour la première fois, les disciples du Christ reçurent le nom de "chrétiens".
On compte désormais près de 40.000 morts depuis qu'un violent séisme a frappé, lundi 6 février, le sud de la Turquie et le nord de la Syrie. La région, véritable carrefour de civilisations, compte de nombreux haut lieux l’histoire du christianisme. L'emblématique Antioche (ou Antakya), est sous les décombres.
Située dans la sud de la Turquie, non loin de la frontière syrienne, l’ancienne ville d’Antioche est réduite à l’état de ruine. La plus ancienne mosquée de Turquie, Habib-i Neccar, est en grande partie détruite. Le patrimoine architectural chrétien est lui aussi en miettes. "Antioche c’est catastrophique", se désolait Xavier Bisits, de l’Aide à l’Église en détresse (AED) dans la Matinale RCF. Il racontait que sur place, on se demande même si on va pouvoir rebâtir la ville….
La ville porte les traces de quatorze siècles d’histoire. Fondée en 300 av. J.-C., elle a été grecque, romaine, byzantine, perse, arabe et ottomane. Après la Première Guerre mondiale et jusqu’en 1939, elle a été sous mandat français. La ville a connu plusieurs tremblements de terre, pratiquement un par siècle. Parmi les plus meurtriers, celui de 526, où près de 250.000 personnes avaient péri.
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Antioche est une ville célèbre pour les chrétiens car la ville est citée dans le Nouveau Testament : « C’est à Antioche que, pour la première fois, les disciples reçurent le nom de "chrétiens" » (Ac 11, 26), peut-on lire dans les Actes des apôtres. "Antioche est une ville clé dans l’histoire du christianisme et plus particulièrement dans la naissance de l’Église", nous explique le Père Jean-Marie Humeau, l’un des vicaires épiscopaux de l’ordinariat des catholiques des Églises orientales résidant en France. "Un certain nombre de sièges épiscopaux ou patriarcaux se sont mis là en souvenir du fait que ça a été le premier poste occupé par saint Pierre, si je peux m’exprimer avec des mots contemporains." Saint Pierre, le premier chef de l’Église catholique romaine, "a été d’abord en charge de la communauté chrétienne d’Antioche", rappelle le Père Humeau.
Antioche s’est aussi distinguée par sa pensée théologique. "Au début du christianisme, vous avez deux grands pôles de pensée et de réflexion, c’est Alexandrie et Antioche", nous nous dit le Père Humeau. Rome tient certes une place centrale car c’est là que Pierre est mort. "Mais ce n’est pas un lieu de pensée, ce n’est pas un lieu de travail théologique", précise le prêtre. Le dynamisme de la pensée chrétienne des premiers siècles doit beaucoup au "binôme Antioche, Alexandrie", deux cités qui se "répondaient, chacune à leur manière".
Aujourd’hui, Antioche compte cinq patriarcats différents : l’Église orthodoxe d’Antioche, l’Église syrienne orthodoxe, l’Église grecque-catholique melkite, l’Église catholique syrienne et l’Église maronite. Un lieu carrefour où se vit deux formes d’œcuménisme. "Vous avez l’œcuménisme théorique qui fait que les divisions, les prérogatives des uns et des autres sur les sièges d’Antioche font que ce n’est pas facile, observe le Père Humeau. Mais vous avez un œcuménisme pratique qui fait que, en fait, il n’y a pas vraiment de problème à ce qu’un mariage ait lieu avec un membre d’une Église et un membre d’une autre."
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