Son amour pour le Christ et le concile Vatican II, dont Benoît XVI était "pétri" : voilà ce que l'on peut retenir du pape émérite, selon Sœur Nathalie Becquart. Religieuse xavière et sous-secrétaire du synode des évêques, elle nous éclaire sur la foi de Benoît XVI. Une grande foi dans le Christ, "indissociablement liée à un engagement au service de l’Église".
Une femme française qui est l'un des visages importants de la Curie romaine. Sœur Nathalie Becquart, religieuse xavière, a été nommée par le pape François sous-secrétaire du synode des évêques le 6 février 2021. Aussitôt après son retour de vacances, elle est allée se recueillir dans la basilique où repose le corps de Benoît XVI. "C’était très impressionnant cette atmosphère de prière, confie-t-elle, je vis ce moment-là comme un grand moment."
Joseph Ratzinger s'est éteint le 31 décembre 2022, à l'âge de 95 ans. Il avait été élu pape le 19 avril 2005 sous le nom de Benoît XVI et avait renoncé à cette charge huit ans plus tard. Qui était Benoît XVI ? Quelles images garderont de lui les catholiques et le monde ? La rédaction de RCF vous propose une programmation spéciale en hommage au pape émérite.
"Ce que l’on retient de Benoît XVI, je dirais c’est vraiment sa grande foi et une foi dans le Christ indissociablement liée à un engagement au service de l’Église, selon Nathalie Becquart, pour lui l’Église c’est vraiment l’Église du Seigneur, l’Église du Christ." Benoît n’a cessé de remettre le Christ au centre de la foi catholique. Ses derniers mots ont d’ailleurs été "Jésus, je t’aime". "C’est une relation vivante pour lui, explique la religieuse, il n’a cessé de rappeler ça, que notre foi c’est pas une foi dans des concepts, c’est une foi dans une personne vivante, le Christ ressuscité."
C’est aussi dans cette amour pour le Christ que s’enracine la fidélité à l'Église de ce pape émérite. De nombreux hommages rendus à Benoît XVI ont salué son rôle de serviteur de l'Église. "Je relisais hier, c’était assez touchant, raconte Nathalie Becquart, après être allée me recueillir à Saint-Pierre, le discours de sa dernière audience générale, qu’il a donnée place Saint-Pierre après sa résignation en février 2013. Il rappelait ça, combien sa foi en l’Église s’appuie sur la parole de Dieu et sur le Christ."
Plus de 100.000 personnes sont venues assister à la messe d’obsèques de Benoît XVI. Des fidèles venus du monde entier. "Ce que j’ai toujours vécu à Rome, c’est que ça touche le monde entier, confie Sœur Nathalie Becquart. Finalement c’est aussi ça le mystère de la foi et le mystère du Christ. Cette foi qui nous a été transmise, elle se vit dans tous les pays du monde sous des formes diverses." La religieuse xavière rappelle que Benoît XVI "a beaucoup encouragé l’inculturation de la foi". Sous son pontificat en effet se sont tenus le synode sur l’Afrique, en octobre 2009, et le synode pour les Églises orientales, en octobre 2010. "Aux JMJ de Sydney", se souvient Nathalie Becquart, il y avait ce "mélange entre traditions et cultures locales qui était très fort !"
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Pour elle le pape émérite "est vraiment la figure de l’unité de l’Église". Une unité qui ne s’exprime non pas de façon "monocolore". Benoît XVI - tout comme le pape François aujourd'hui - nous invite à voir l’Église comme "une Église des Églises locales", explique la religieuse. "Écouter la voix, l’expérience chrétienne dans les peuples des différents coins du monde", c’est d'ailleurs l’objectif du synode intitulé "pour une Église synodale, communion, participation, mission". "On ne vivrait pas ça aujourd’hui si on n’avait pas eu tout le chemin fait avant et le chemin fait avec Benoît XVI." Le synode sur la synodalité, qui doit s’achever en octobre 2023, est entré dans sa phrase continentale.
Benoît XVI était pétri de cette histoire de l’Église et de la tradition, mais non pas pour la figer mais pour sans cesse la réinterpréter dans une vision dynamique, une vision de foi, pour le monde d’aujourd’hui
On a beaucoup dit de Benoît XVI qu’il était un pape conservateur. "Je crois que c’est réducteur, commente Nathalie Becquart, parce que en fait il était pétri de la tradition mais certains parfois l’ont mal interprété, il n’en faisait pas quelque chose de figé." Benoît XVI avait beaucoup travaillé, en tant que théologien et universitaire, sur les premiers siècles de l’Église. "Il était pétri de cette histoire de l’Église et de la tradition, mais non pas pour la figer mais pour sans cesse la réinterpréter dans une vision dynamique, une vision de foi, pour le monde d’aujourd’hui."
Benoît XVI restera aussi le dernier pape à avoir participé, en tant qu’expert, au concile Vatican II (1962-1965). "Il était pétri de ce concile, souligne Nathalie Becquart. Pour elle, il est important de se rappeler de "ce qu’il a dit à la suite de Jean-Paul II", que "le concile Vatican II est une boussole pour l’Église, ce n’est pas optionnel". "On parle de la réception du concile qui est un processus. Avec le pape François, on est dans une nouvelle étape de réception du concile." Pour Nathalie Becquart, "c’est très important" d’inscrire le pontificat de Benoît XVI "dans une histoire".
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