Le coup d'envoi des soldes d'hiver est lancé. Si plus de la moitié des Français ont déclaré vouloir se rendre en magasin, l'événement ne correspond plus au rite social que l'on a connu. Reste que la fréquentation annoncée est une bonne nouvelle pour le secteur du textile en particulier, qui a beaucoup souffert des restrictions imposées pour freiner la propagation du Covid-19. Un secteur qui va devoir se réinventer, comme l'explique Éric Mertz, président de la fédération Allure.
Mercredi 12 janvier, premier jour des soldes d'hiver 2022. "61% des Français ont récemment déclaré vouloir se rendre en magasin", explique Éric Mertz. Ainsi donc, les soldes restent "un événement attendu" que l'on "ne peut pas traiter par l’indifférence", selon l'ex-président de la Fédération nationale de l'habillement (FNH), aujourd'hui président de la fédération Allure. Une fédération lancée en novembre 2021, qui représente les indépendants du textile, soit 64.000 salariés.
La majorité des Français ont prévu de faire les soldes. C'est une bonne nouvelle pour le secteur du textile, qui a beaucoup souffert des restrictions imposées pour freiner la propagation du Covid-19. Mais avant la pandémie, il y a eu les manifestations des Gilets jaunes et encore avant la grève des transports contre la réforme des retraites... "On sortait déjà d’une décennie très difficile où le secteur d’activité avait perdu à peu près 15 % de son chiffre d’affaires", ajoute Éric Mertz. Ainsi, en 2020 le secteur "a perdu presque 22% de son chiffre d'affaires" par rapport à 2029. "Et en 2021, malgré une légère reprise, on est toujours en perte de l'ordre de 15,8% de notre chiffre d'affaires."
"Il faut se rendre à l’évidence, on a enchaîné crise sur crise." Le secteur de l’habillement, du textile et de la chaussure n'a cependant "bénéficié d’aucun plan de soutien spécifiquement ciblé", ne manque pas de rappelle le président de la fédération Allure, qui ne cache pas son inquiétude. "Il y a des raisons de s’inquiéter d’autant plus que les prêts garantis par l’État arrivent prochainement à échéance."
Cette année, "on peut s'attendre à une hausse des prix comprise entre 8 et 10%" dans le secteur du textile. L'inflation va aussi bien toucher les transports, que les matières premières et la confection. "Que ce soit les enseignes et les indépendants nous ne pourrons pas faire l'impasse sur ces hausses de prix", prévient Éric Mertz.
Entre les injonctions de la fast fashion et l'expansion de la mode seconde main qui séduit les consommateurs soucieux de prendre soin de la planète, le secteur de l'habillement est comme pris en étau. "On est à la transition d'un modèle économique, admet Éric Mertz, on ne peut pas imaginer l'avenir de cette filière sans changer de paradigme... Il y a un virage qui est en train de se prendre : il sera d'autant plus difficile si on n'est pas aidés." Prêts à se réinventer, les artisans, commerçants et entrepreneurs de l’habillement, du textile et de la chaussure comptent défendre leurs intérêts devant les pouvoirs publics.
"Les soldes ont été un rite social. Elles n'ont plus cette dimension." Pour Éric Mertz, "la multiplication des promotions tout au long de l’année ont dénaturé la notion de juste prix". Aujourd'hui, difficile pour un consommateur de savoir quelle est la réelle valeur de son produit. Cependant, les ventes privées ne font plus recette, si l'on se réfère à l'année 2022.
On arrive aujourd'hui "au bout d’un modèle économique". Pour Éric Mertz, l'avenir du secteur est dans la relocalisation et l'éco-conception. "Il va falloir apprendre peut-être à vendre un peu moins, mais mieux, des articles de qualité avec plus de conseils et une plus forte valeur ajoutée. Et redonner une justification aux prix."
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