Index pointés vers le ciel, signes de croix avant d'entrer sur la pelouse, les marques religieuses sont de plus en plus visibles sur les terrains sportifs. Au prix parfois de quelques polémiques, de nombreux compétiteurs, d'horizons et de milieux divers, n'hésitent plus à assumer publiquement leur foi.
"Ils sont en grande demande. On voit même des sportifs qu'on accompagne qui s'organisent entre eux pour faire des études bibliques, et qui invitent des pasteurs et des aumôniers", se félicite Joël Thibault, pasteur évangélique qui accompagne de nombreux sportifs de haut niveau. "Il y a un club qui organise ouvertement ces sessions, en France, c'est l'Olympique Lyonnais, avec l'inauguration d'une salle de recueillement dans le stade, à laquelle j'ai pu participer avec plusieurs responsables religieux, un imam, un représentant du diocèse de Lyon, un rabbin", énumère-t-il. "Les joueurs peuvent individuellement, dans leur préparation d'échauffement, se recueillir cinq ou dix minutes avec les lectures proposées".
L'aumônier, auteur d'un tout récent livre qui retrace sa mission*, livre une anecdote particulièrement révélatrice. "Mon fils, qui joue au foot depuis très jeune, a un ami qui vient d'une famille musulmane. Parce qu'un joueur célèbre faisait un signe de croix, lui-même s'est mis à en faire, mais sans en mesurer la signification. C'est du mimétisme, on reproduit ce que les meilleurs font. Si ça peut les faire réfléchir à un moment donné…Mais beaucoup sont ignorants, c'est comme faire un cloche-pied avant d'entrer sur le terrain. Ce sont des petites choses que les sportifs font pour se rassurer, mais finalement, est-ce que l'appel de Dieu n'est pas plus rassurant ?", fait-il mine de s'interroger.
"Les sportifs assument de plus en plus leur religion. Avec les médias, les réseaux sociaux, ils l'expriment. Ils se mettent davantage en scène aussi, tout est scruté par plein de caméras : le moindre doigt au ciel est interprété", relève-t-il, témoin de ce qu'il appelle une "montée des religions". "Là où il y a le moins d'athées, c'est bien dans un vestiaire de sport", soutient-t-il. "Il y a différentes croyances. En premier, l'islam je pense, puis le christianisme, quelques bouddhistes, et d'autres qui ont leurs rituels pouvant verser dans la sorcellerie, le maraboutisme". En août 2022, le joueur français Paul Pogba, dans le cadre d'une affaire de tentatives d'extorsion présumées dont il aurait été victime, avait reconnu auprès des enquêteurs avoir versé de l'argent à un marabout.
Là où il y a le moins d'athées, c'est bien dans un vestiaire de sport
Le match et la prière ont en commun leur pouvoir fédérateur. "J'ai eu la chance de rencontrer Raymond Kopa, premier Ballon d'Or du football français (en 1958, ndlr) et grand international français, confie Joël Thibault, qui me disait avec nostalgie que ce qui fédérait les joueurs, qui venaient tous de l'étranger, de Pologne ou d'ailleurs, c'était de se retrouver tous à la messe, le dimanche matin".
*Joël Thibault, L'aumônier des champions, Editions du Cerf, 2023, 20 euros
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