À Beaupréau-en-Mauges, dans le Maine-et-Loire, un sociologue a enquêté sur l'attachement des habitants à l'église Saint-Martin. L'édifice du XIXe siècle de style néo-gothique pourrait devenir un centre culturel. Mais le projet de la mairie ne fait pas l'unanimité. Pour les plus âgés comme pour les plus pratiquants, "dès qu’on touche à l’église, on touche profondément aux personnes", a pu noter le sociologue.
Dans le Maine-et-Loire, un projet de transformation d’une église fait parler de lui depuis avril 2021. La mairie de Beaupréau-en-Mauges, une commune située au nord-ouest de Cholet, envisage de transformer l'église Saint-Martin en un lieu culturel. Construit au XIXe siècle, dans un style néo-gothique, le bâtiment à l'architecture imposante cesserait d’accueillir des cérémonies religieuses, comme des messes de semaine ou des funérailles. La municipalité souhaite en effet y reconstruire la médiathèque et l’école de musique de la commune. Mais le projet ne fait pas l’unanimité.
Pour comprendre l'attachement des habitants à leur église, la mairie de Beaupréau-en-Mauges a fait appel au sociologue Jérôme Grolleau. Sa mission ? Enquêter sur "les liens qu’ont les habitants avec l’église Saint-Martin", explique-t-il au micro de Marion Bastit de RCF Anjou. Il vient de présenter les résultats de son étude aux habitants, le 4 janvier dernier. On peut revoir sa restitution en vidéo sur la page Youtube Ville de Beaupréau-en-Mauges.
"Un lieu ce n’est pas seulement des murs et des mobiliers, c’est un lieu de vie." Jérôme Grolleau a sondé une quinzaine d'habitants sur leur histoire et leur attachement à la foi chrétienne. Après des entretiens d’une heure, le sociologue a pu constater deux grandes tendances.
Chez les plus âgés comme chez les plus pratiquants, il a noté un attachement fort à l’église Saint-Martin. "Pour les plus âgés cette église fait partie d’eux-mêmes, elle représente ce avec quoi on s’est construit comme personne, elle est au cœur de l’identité." C’est un peu la même chose chez les habitants pratiquants réguliers, pour qui l’église "fait partie de leur identité car c’est un lieu sacré qui représente leur engagement intime et personnel à la foi chrétienne". Ainsi, quand le lien est très fort, "dès qu’on touche à l’église, on touche profondément aux personnes..."
Pour d’autres, en revanche, quand le lien d'attachement est plus lâche, l’église représente plutôt un élément du le paysage, voire un repère de repère spatial. Mais même chez ces personnes, ce projet de transformation de l’église en lieu culturel "réveille le lien, stimule l’intérêt qu’on porte à l’église", estime le sociologue. Ce projet vient même "réanimer sa valeur émotionnelle".
"En fait pour le public qui est plus détaché, le projet ouvre une autre perspective, il permet de voir l’église autrement." Petit à petit, l'église Saint-Martin va donc devenir "le représentant d’un monde en train de s’effacer mais avec lequel on souhaite rester en contact au travers de traces matérielles". De lieu de culte ouvert et fréquenté, puis bâtiment à la porte souvent fermée, l'église "prend une dimension patrimoniale". On y voit le charme des vieilles pierres, la marque du temps long et le travail des bâtisseurs...
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