Seulement 26% de Français satisfaits. Selon un baromètre Ifop publié ce week-end, Emmanuel Macron rejoint les records d'impopularité atteints lors de la crise des "gilets jaunes". Un an après sa réélection, le 24 avril 2022, le président continue d'invoquer sa légitimité électorale mais peine à convaincre. Le journaliste et écrivain Franz-Olivier Giesbert revient sur un début de quinquennat difficile.
Les casseroles résonneront-elles à Vendôme ? Après le Bas-Rhin et l'Hérault la semaine dernière, Emmanuel Macron se rend ce mardi dans le Loir-et-Cher, où il y a fort à parier qu'un comité d'opposants locaux l'attendra, déterminé à offrir au chef de l'État un concert d'ustensiles entrechoqués. Un an tout juste après sa réélection, et à peine sorti de la séquence houleuse des retraites, le président de la République doit bien se résoudre au paradoxe de son impopularité. C'est qu'une autre élection est passée par là, qui fit moins ses affaires : depuis le scrutin législatif de juin 2022, le président ne peut compter que sur une majorité relative à l'Assemblée nationale. "Il n'en a pas tenu compte, et cela a rendu la première année de mandat très bancale", analyse Franz-Olivier Giesbert, journaliste et observateur avisé de la vie politique française. "Il ressemble à l'enfant à qui on a retiré son jouet, et veut continuer comme avant, ose-t-il. Ça ne peut pas marcher".
En six ans, le jeune locataire de l'Élysée n'a-t-il pas eu le temps de se rôder à l'exercice du pouvoir ? "Non seulement il n'a pas les codes, mais surtout, l'expérience ne lui apprend rien, tacle l'éditorialiste. Il n'avait pas le curriculum vitae nécessaire. Il est arrivé trop frais, trop jeune, et ce qu'il y a d'étonnant, c'est qu'il ne semble pas écouter".
Non seulement il n'a pas les codes, mais surtout, l'expérience ne lui apprend rien
En 2017, son profil inhabituel d'homme issu de la société civile avait séduit un électorat en quête de renouveau démocratique. Aux yeux de Franz-Olivier Giesbert, deux ans au ministère de l'Économie n'ont pas suffi à fabriquer l'étoffe d'un chef d'Etat. "Il y a quelque chose qui cloche. Je crois qu'il ne sait pas faire : la politique est un métier. Pour observer depuis très longtemps la classe politique, j'ai beaucoup d'admiration pour ces gens qui ont en général beaucoup d'obstination et d'endurance, confesse-t-il. Et là, il y a eu l'idée en France, en 2017, que le mieux serait de prendre un petit jeune, une page blanche". Et un programme dégagé des clivages anciens, ne se reconnaissant ni de gauche, ni de droite.
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Séduisant sur le papier, le "en même temps", marque de fabrique revendiquée d'Emmanuel Macron, agace désormais plus qu'il ne séduit. Car en réalité, lorsque la théorie laisse place à l'action politique, cette position vire bien souvent à l'ambiguïté. "Les gens s'imaginent qu'il y a un loup, qu'on veut les avoir car il dit un truc, puis le contraire", considère Franz-Olivier Giesbert.
Les gens s'imaginent qu'il y a un loup, qu'on veut les avoir car il dit un truc, puis le contraire
Et de citer quelques exemples de la versatilité présidentielle. "Je suis pour la retraite à points : ah bah non, finalement on va reculer l'âge de départ à la retraite". En 2018, le nouveau président annonçait la fermeture de 14 réacteurs nucléaires, dont la centrale de Fessenheim. Dans son discours de Belfort de 2022, il prévoyait à l'inverse de relancer la filière nucléaire. "Je suis contre le nucléaire, on va fermer Fessenheim : ah non, finalement je suis pour le nucléaire", résume l'ancien directeur des rédactions du Figaro et du Nouvel Observateur. "C'est un manque absolu de cohérence", dénonce-t-il, allant même jusqu'à taxer son sujet de "narcissisme" et de "légèreté".
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À propos de narcissisme, Emmanuel Macron se voit régulièrement reprocher sa communication à outrance, lui qui a investi les vidéos courtes de TikTok, application chinoise prisée par la jeune génération. "Il faut qu'il se montre, soupire Franz-Olivier Giesbert. La com', c'est souvent ça : je me montre, je suis beau, je suis intelligent. Mais ce n'est pas comme cela qu'on gouverne !", fustige l'éditorialiste du Point, dont il fut le directeur jusqu'en 2014. "C'est une communication très étrange, car il ne s'agit pas de convaincre, mais de se montrer : en photo dans Paris Match, avec la barbe comme Zelensky, comme s'il était en première ligne dans la guerre en Ukraine". En mars 2022, un mois après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le compte Instagram du président le montrait mal rasé et vêtu d'un sweat à capuche. Une série de clichés qui avait suscité l'ironie des commentateurs. "On est dans la construction d'un personnage, mais ça ne prend pas, ça ne peut pas prendre", constate Franz-Olivier Giesbert.
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