Élections législatives : la position du Secours Catholique, par Adélaïde Bertrand
En partenariat avec LE SECOURS CATHOLIQUE-CARITAS FRANCE
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Le 9 juin dernier Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale. Des élections législatives auront lieu les 30 juin et 7 juillet prochains. Le compte à rebours est lancé et les points de vue sont tranchés notamment chez les chrétiens.
Depuis une dizaine de jours, le climat politique est électrique. Les coalitions à droite et à gauche font grincer des dents de part et d'autre, notamment chez les catholiques.
Si l'épiscopat n'a pour l'instant pas pris de position officielle, certains évêques prennent la parole dans leur diocèse pour appeler à la "sagesse politique" ou encore à "voter sans peur". Mais ils restent sur une ligne de crête car l'électorat catholique est très diversifié. L'historien Paul Airiau, auteur notamment de "100 ans de laïcité française 1905-2005" aux presses de la Renaissance, observe que "si l'on compare à il y a 15 ans, la répartition du vote catholique sur l'éventail politique est aujourd'hui beaucoup plus large avec en particulier le basculement d'une partie des catholiques pratiquants vers le Rassemblement national à un niveau qui n'était pas atteint antérieurement." Pour l'historien cela pose de vrais problèmes de positionnement pour les responsables ecclésiaux. "Ils ont à se positionner: est-ce que l'on peut considérer comme catholique un vote pour le Rassemblement national ? Est-ce que l'on peut aussi considérer catholique un vote pour LFI ou le Nouveau Front populaire ?"
Dans une tribune publiée mardi 18 Juin 2024 par La Croix, un collectif de jeunes chrétiens, dont des représentants protestants, plus de 70 prêtres, et des membres de différents mouvements comme l'Action catholique ouvrière, le CCFD, David et Jonathan Arc-en-Ciel ou encore le MRJC appellent au nom de leur foi l'ensemble des fidèles français à voter massivement contre le RN aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet prochains. Les 6000 signataires appellent par ailleurs les institutions religieuses à se positionner clairement en ce sens. Si en tant que chrétien, il est légitime de faire valoir son point de vue, il est plus difficile d'en faire une consigne de vote, estime Paul Airiau : "Il me semble que cette forme de rationalité publique, d'explicitation des critères de son choix est toujours une bonne cause s'il est fondé en raison et qu'il est argumenté, et que l'on est pas simplement dans les invectives. D'un côté, on peut contester un choix de vote pour le Rassemblement national au nom de l'accueil du plus pauvre, du plus petit, de l'étranger; de l'autre, les partisans de Reconquête vont insister sur la nation chrétienne qu'est la France, sur la question de l'euthanasie, sur la question de l'avortement et du libéralisme culturel." Pour Paul Airiau ce qui compte c'est qu'il puisse y avoir "une explicitation des termes du débat et pas simplement une captation par un camp ou un autre de ce qui serait bien ou pas bien."
Une des questions est de savoir où est-ce qu'on va placer le curseur, quel est l'élément non négociable qui va primer dans le positionnement ?
Paul Airiau s'interroge : "Est-ce que c'est l'accueil du pauvre, est-ce que c'est le respect de la création ? Est-ce que c'est la prise en compte des souffrances individuelles ? Est-ce que c'est le respect de la loi naturelle, en ce qui concerne le mariage, l'identité de genre, etc. ?" Il y a, selon l'historien, toute une palette d'éléments à articuler les uns aux autres et sur lesquels l'institution ecclésiale n'a jamais proposé de hiérarchie.
D'un point de vue historique, les catholiques ont toujours eu un engagement civique indéniable. Paul Airiau le rappelle: "Ils ont toujours considéré la politique comme une chose importante pour défendre les intérêts de l'Église et des catholiques, mais aussi pour défendre des valeurs qu'ils considéraient comme plus importantes que leurs petits intérêts particuliers."
L'historien rappelle aussi que "d'un point de vue historique, à partir du moment où il y a un débat, la confrontation des arguments est à priori une bonne chose. Une argumentation simplement par la dénonciation du fascisme ou du communisme est une argumentation qui ne va pas très loin d'un point de vue discursif. Autant que je sache, il n'y a pas encore à l'extrême gauche de partis monolithiques de style léniniste avec une organisation secrète qui veut prendre le pouvoir, et il n'y a pas encore à l'extrême droite de chemises brunes dans la rue prêtes à ratonner tout le monde. Donc la comparaison avec le passé peut être opérée, mais encore faudrait-il avoir une certaine mesure et une certaine prise en compte des réalités contemporaines."
En avril 2022, avant le deuxième tour de l'élection présidentielle qui opposait Emmanuel Macron à Marine Le Pen, le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France n'avait donné aucune indication, mais appelait à voter en conscience à la lumière de l'évangile et de la doctrine sociale de l'Église.
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