À l’approche des élections législatives, les chrétiens se confrontent à la difficulté de concilier leurs convictions profondes issues de la Bible et leur sensibilité politique. Les évêques de France ont publié un communiqué pour rappeler la responsabilité démocratique des catholiques, les invitant à s'engager pour "nous garder de la violence, veiller à ne pas diffuser la colère et la haine, ne pas nous résigner à l’injustice, mais lutter pour la justice par les moyens de la vérité et de la fraternité". Pour avancer sur la voie du discernement du vote chrétien, le théologien père Laurent Stalla-Bourdillon propose de comprendre ce que dit la doctrine sociale sur les sujets de débat de la campagne électorale.
“Le premier devoir du chrétien est d'aller voter. Pouvoir prendre part à une décision à travers la liberté de voter est une vraie chance", estime le théologien. La liberté de vote constitue un droit, une responsabilité et surtout un fondement de la démocratie. “Nous avons tous la responsabilité de faire vivre la démocratie. Pour qu'une démocratie vive, il faut que les citoyens aillent voter”, observe-t-il.
La responsabilité de voter, nécessite “l'effort de discerner en conscience”, sans quoi on risque de plonger dans “une sorte de facilité, une sorte de négligence qui conduit progressivement à se laisser déposséder de son droit de voter”, avance le père Stalla-Bourdillon. Ne pas se laisser aller à la “fatigue démocratique”, c’est lutter contre “l'exercice d'un pouvoir tyrannique”. “On peut perdre la richesse de la démocratie si on néglige d'exprimer son vote en conscience” assure-t-il.
Les pays démocratiques peuvent, s'ils négligent l'effort démocratique, dériver petit à petit vers des pouvoirs autoritaires.
Si chacun est libre de hiérarchiser les sujets essentiels selon sa conscience, la tradition chrétienne enseigne qu'il faut voter pour chercher le bien. Il y a plusieurs niveaux de bien dans la doctrine sociale de l'Église.
En premier lieu, “il faut voter avec le désir de protéger le bien commun” : “Ce sont tous ces éléments que nous partageons. L'eau est un commun et il faut protéger les réserves d'eau. L'air est un commun, il a besoin d'être sain pour qu'on puisse le respirer", précise le prêtre parisien.
Ensuite, il y a le bien de la communauté : “C'est un bien qui a une nature plus sociale dans une relation puisque la gestion des biens communs est réalisée par une communauté", résume le théologien. On peut l’assimiler au service public, par exemple.
Nous avons la responsabilité de vivre en société, car l'être humain est un être social. Voter en conscience du bien de communauté implique d'espérer que le pouvoir en place réalisera l'unité de la société.
Enfin, le chrétien doit chercher le bien de la communion : “C'est une dimension plus spirituelle au sein même de notre société”, explique le père Stalla-Bourdillon. Le bien de communion implique de vivre dans un esprit de charité, de solidarité et de partage (de la richesse d'un territoire par exemple). “L'être humain est heureux lorsqu'il prend conscience du commun et de ces éléments qui nous sont donnés en général par pure grâce”, conclut le prêtre parisien.
Nous ne sommes vraiment heureux que lorsque nous vivons dans la charité. C'est dans une communion authentique des personnes qu'une société, sera vraiment humaine.
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