"L’infertilité, masculine comme féminine, a beaucoup progressé ces dernières années". C'est ce que disait Emmanuel Macron début janvier lors de sa conférence de presse à l'Elysée. Avec plus de 3 millions de personnes directement touchées en France, l’infertilité est devenue un enjeu de santé publique majeur. Quelles sont les causes de cette difficulté à avoir un enfant ? Comment construire un plan national de lutte ? Une émission Je pense donc j'agis présentée par Melchior Gormand.
L’infertilité est devenue une véritable question de société et tient une place paradoxale dans le débat public. Considérée comme tabou, elle touche pourtant presque autant de personnes que le diabète. Le président Emmanuel Macron a annoncé vouloir lancer un véritable plan de lutte contre ce fléau, qui touche environ 3,3 millions de personnes en France, sans compter les partenaires concernés, ce qui doublerait les chiffres.
Tout d’abord, il y a les facteurs sociétaux. Les femmes veulent des enfants de plus en plus tard et, mécaniquement, la fertilité décline avec l’âge. Selon le Professeur Samir Hamamah, chef du service de biologie de la reproduction du CHU de Montpellier, "il suffit de regarder l’âge moyen de l’accouchement qui est de 31 ans et 2 mois. Il y a 25 ans, cet âge moyen était encore à 24 ans". Pour lui, ce recul de l'âge a provoqué une forme d’infertilité qui aurait pu être évitée. Les sociologues identifient certains déterminants, notamment la recherche d’une stabilité professionnelle et affective avant d’envisager un enfant et un déclin du désir d’être parent à un jeune âge. Les chances seraient aussi diminuées pour avoir un enfant avec le vieillissement. David Volle, chercheur en biologie rappelle "qu'avec le vieillissement, la qualité du gamète est altérée".
Des facteurs environnementaux sont aussi à l’origine de la hausse de l’infertilité : la qualité de l’air, la pollution ou encore les nanoparticules. "C’est un ensemble", affirme Samir Hamamah. Cette augmentation serait notamment liée à l’exposition régulière aux perturbateurs endocriniens, des substances exogènes qui altèrent les fonctions du système endocrinien, comme les pesticides ou les médicaments. Au cours de la vie, l’être humain est exposé à toutes sortes de perturbateurs. Des études récentes montrent l’effet négatif des modes de vie occidentaux sur la fertilité. David Volle cite notamment les pesticides, les produits cosmétiques, l’alimentation ou encore le tabac. Selon lui, les sources d’expositions sont nombreuses.
Avec le vieillissement, la qualité du gamète est altérée.
Et les causes médicales ? L’exemple le plus criant est l’endométriose, une pathologie répandue mais encore mal connue, provoquant l'obstruction des trompes de Fallope. Un constituant de l'appareil reproducteur féminin, qui accueille l'ovocyte provenant de l'ovaire, puis le pousse jusqu'à l'utérus. C’est la première cause d’infertilité féminine. Chez les hommes, l’infertilité peut avoir une origine endocrinienne, testiculaire ou due à des lésions des voies génitales. "C’est pour ces raisons qu’il faut mettre le paquet sur la recherche et l’innovation", estime Samir Hamamah. Aujourd’hui encore, 10 à 15 % des cas d’infertilité sont dits inexplicables, que les causes soient médicales ou d’une autre nature.
Après avoir bien recensé ces causes, il faut trouver des pistes concrètes pour les combattre. En premier lieu, il faut informer et éduquer dès l’adolescence sur le déclin de la fertilité selon Samir Hamamah. "Dès le collège, on devrait commencer à leur en parler. Cela rentre dans la stratégie de lutte contre l’infertilité." En clair : des cours de SVT plus spécifiques au collège et au lycée, une journée nationale de sensibilisation à l’infertilité et la création d’un site Internet dédié. David Volle recommande aussi de mieux informer les personnes sur les risques que peuvent avoir les traitements anticancéreux sur les gamètes.
Mieux former le corps médical serait aussi une solution. Selon David Volle, "l’infertilité n’est pas la thématique la plus représentée dans le cursus universitaire". Les jeunes médecins sont peu familiarisés avec la problématique. Pour renforcer la formation, Samir Hamamah recommande un volet "prévention de l’infertilité" dans les études de médecine.
Il faut mettre le paquet sur la recherche et l’innovation.
Dernier axe : la création d'un Institut national de la fertilité, à l’instar de celui contre le cancer, permettrait de coordonner la recherche et de la piloter. L'objectif : améliorer les résultats de la procréation médicalement assistée. Pour Samir Hamamah, le problème de l’infertilité doit dépasser le cadre médical et mobiliser les différents acteurs, qu’ils soient politiques, économiques et sociaux.
"Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants" : cette phrase, elle nous a fait rêver, petits, devant les contes de fées. Pour beaucoup de couples, la réalité est toute autre. Comment accompagner les couples qui connaissent l'infertilité ? Écoutez la seconde partie de l'émission Je pense donc j'agis :
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