Youki, Pépette, Pupuce ou Bubulle, on compte aujourd’hui 75 millions d’animaux familiers en France, avec en tête, des poissons rouges ! Mais en quoi cette présence peut-elle nous faire du bien ? Quelles compétences peuvent-elles développer chez nos enfants et dans quelles limites aussi ? A l’occasion de la sortie du hors-série "Un animal, ça fait grandir" de l’Ecole des Parents et Educateurs, décryptage de Marine Grandgeorge, docteur en psychologie et maîtresse de conférence en éthologie à l’Université de Rennes. Et Boris Albrecht, directeur de la fondation Adrienne et Pierre Sommer, spécialisée dans la médiation animale.
Comment un animal de compagnie peut-il être considéré par un enfant ? "C’est presque comme un frère, une sœur", explique Marine Grandgeorge. "Un confident à qui on va pouvoir confier ses secrets et surtout ne pas les répéter et qui restera toujours fidèle même si on a fait la pire bêtise !" Une présence apaisante et réconfortante, qui permet aussi de développer des compétences sociales, selon la psychologue : "Si vous agissez mal avec un chien ou un chat, il va s’enfuir, grogner ou griffer. Par contre, si l’enfant adopte des comportements adaptés, il va rester et jouer." Autrement dit, ne façon ludique d’apprendre à bien interagir en société., notamment avec ses camarades d'école.
Autre avantage de la compagnie d’un animal : renforcer le sens des responsabilités de l’enfant, en s’occupant des sorties ou de son alimentation. Mais aussi bénéfice sur le plan santé, en réduisant l’obésité et le temps passé devant les écrans, de même qu’une meilleure défense du système immunitaire contre les allergies, "quand l’enfant est exposé à un animal avant sa première année." précise Marine Grandgeorge. Enfin, la perte d’un animal est souvent la première confrontation d’un enfant avec la mort. "Un deuil qui doit être accompagné, voire préparé s l’animal était malade. Mais en aucun caché." estime la psychologue.
L’animal de compagnie : un caractère neutre et bienveillant qui en fait un atout pour la médiation animale. Une approche développée en France et aux Etats-Unis depuis les années 60, notamment par le pédopsychiatre américain Boris Levinson et son chien jack russel, lequel avait permis de débloquer le mutisme d’un jeune patient. "L’animal est vraiment celui qui va donner confiance." explique Boris Albrecht. "II ne juge pas. Il va quand même tester. Mais il va déclencher des réactions que l’humain aurait lui-même du mal à déclencher et permettre d’avancer dans une démarche de prise en charge, sociale, para médicale ou judiciaire » Illustration avec les chiens d’assistance judicaire, dont la présence rassurante accompagne des enfants victimes de violences familiales pendant les auditions.
Des chiens d’assistance qui ont toute leur utilité auprès d’enfants autistes. Spécialement formés par l’association Handi’chiens, ils vont permettre d’améliorer les compétences sociales, les comportements répétitifs et l’empathie, mais aussi réduire l’anxiété. "Ce qu’a démontré une étude canadienne en observant une régulation du cortisol, une hormone de stress, complétement anarchique chez l’enfant autiste." confirme Marine Grandgeorge. Une normalisation qui entraine un meilleur sommeil pour l’enfant, mais aussi le reste de la famille. Pour autant, adopter un chien n’est pas non plus une solution miracle : "L’enfant peut en avoir peur et pour les parents, ça représente aussi une charge financière et de temps passé à s’en occuper." prévient la psychologue.
L’animal, on le retrouve aussi à l’école. Reconnaitre les espèces, savoir où ils vivent, comment ils se nourrissent ou se reproduisent, cela fait partie des apprentissages en primaire. Mais pour rendre cette découverte plus concrète, certains enseignants n’hésitent pas à installer des cages avec lapins ou souris. Une fausse bonne idée ? "Oui et non !" estime Marine Grandgeorge. "Imaginons des lapins ou des souris qui vivent la nuit, au milieu de cris dans une maternelle. On est aux antipodes du respect de l’animal. Il ne faut pas qu’il soit réduit à un simple ornement." Un respect et un bien-être d’ailleurs inscrit au programme de l’instruction morale et civique des CP depuis la rentrée 2024.
Animaux des villes, mais aussi des champs, pas forcément connus des enfants aujourd’hui, même en milieu rural. Lors d’un colloque organisé en décembre dernier à l’Unesco, un sondage mené auprès de CM1-CM2 de révélait que 22 % n’avaient jamais visité de ferme et 6% ‘n’avoir jamais vu en vrai une vache ou une chèvre. "Il y a un vrai travail de sensibilisation à faire." reconnait Boris Albrecht, "à travers les fermes pédagogiques ou agriculteurs ouvrant leurs élevages aux enfants." Sans cacher non plus aux enfants d’où vient la viande qu’ils pourront trouver dans leur assiette. "Devenu grand, l’enfant sera assez instruit pour cuisiner des nuggets, préférer une escalope ou devenir végétarien !" assure Luc Mounier, chercheur vétérinaire, cité dans le hors –série de l'école de parents.
Pour aller plus loin :
La fondation Adrienne et Pierre Sommer : Créée en 1971, cette fondation a pour mission de développer la médiation animale et encourage chaque année des projets de recherche. Pour en savoir plus :https://fondation-apsommer.org/
Le hors –série "Un animal, ça fait grandir" de l’Ecole des parents et Educateurs supervisé par Karine Hendricks, rédactrice-en-chef : A travers reportages et entretiens de spécialistes du monde animal, un numéro très complet sur les aspects éducatifs, sociologiques, psychologiques et philosophiques de l'animal de compagnie. A découvrir sur https://www.ecoledesparents.org/
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