"Moi, mes parents m’en ont acheté un, alors que je n’avais pas de difficultés particulières." explique Ugo*, 8 ans. "Moi, je n’ai rien appris, mais je n’ai rien perdu non plus." sourit Emilie*, 9 ans. "Le pire souvenir de mon été !" confie Paul*, 10 ans. Cahiers de vacances : les avis sont partagés. Alors quelle utilité, comment les rendre efficaces et peut-on s’en passer tout en entretenant ses connaissances ? Petit tour d’horizon pour se mettre (ou non) à la page avec Marie Costa, coach parental et Virginie Becquet, enseignante en CE1 et auteure d’une collection du CP à l’entrée en 6e.
Des cahiers pour qu’ils n’oublient pas ce qu’ils ont appris l’année précédente ? C’est l’un des premiers arguments (et crainte) avancés par les parents. "C’est normal qu’une partie des choses soit oubliée." estime Marie Costa, qui a enseigné de la maternelle aux prépas pendant 27 ans. "Ca fait partie du processus de la mémoire, qui pourra être réactivée. D’autant que, généralement, les premières semaines de rentrée sont consacrées à la révision des notions acquises l’année précédente."
Un avis que nuance Virginie Becquet, forte de son expérience en CE1. "Tous les enfants sont différents. Il y a ceux qui entendent deux fois la leçon et ne l’oublieront pas. Pour eux, pas besoin de cahiers de vacances. Mais il y en a d’autres pour qui ça ne rentre pas et auront donc besoin de répétition pendant les vacances." A voir donc déjà en fonction du rythme d’apprentissage de l’élève.
Si l’on décide malgré tout d’en acheter un, comment s’en servir de manière efficace ? "Surtout pas dès le premier jour de vacances !" considère l’auteure de "Jules et Léonie". L’idée , ce serait de "commencer tranquillement au mois d’ Août. La priorité, c’est les enfants profitent de leurs parents et de leur famille. Qu’ils remplissent d’abord leur réservoir affectif. Après, l’idéal, c’est de créer un petit rituel, un quart d’heure ou plus en fonction de l’âge de l’enfant, avant d’aller jouer."
Rituel, oui. Mais sans pression. Le "Tu n’as pas fait ta page, tu n’iras pas à la plage" , rien de tel pour démotiver l’enfant." juge Marie Costa. Il faut que l’exercice reste un plaisir. Et pourquoi pas l’occasion d’un moment de complicité avec les parents. "Car, insiste-t-elle, "un cahier doit se faire ensemble, ne serait-ce que pour expliquer les consignes." Or, très souvent, constate-t-elle, "les parents restent sur leur transat laissant l’enfant se débrouiller tout seul." Ne pas s’étonner donc si le cahier n’est qu’à moitié rempli et finisse au fond d’un tiroir !
Cela dit, n’existe-t-il pas d’autres moyens d’entretenir ses connaissances sans passer par ces cahiers de vacances ? "Bien sûr!" souligne Virginie Becquet. "Visiter des musées, entrer dans une cathédrale, voir comment fonctionne une usine de chocolat, bref, aller dans la vraie vie." Des pistes complétées par Marie Costa : "Lire une histoire avec l’enfant, bricoler ou cuisiner, pour retrouver des notions de calculs, jouer à des jeux de société pour développer la logique, ou tenir un journal de vacances ou écrire une carte postale pour faciliter la rédaction." Bref, autant de moyens pour favoriser la curiosité de l’enfant sans tomber dans un cadre rigide d’un "devoir de vacances".
Mais au fond, ces cahiers permettent-ils vraiment de faire progresser l’enfant dès la rentrée scolaire ? Pas d’avantages pour ceux qui ne l’ont que partiellement rempli, a montré en 2001 une étude menée par Institut de recherche sur l’économie de l’éducation (Iredu), qui a par ailleurs constaté un effet plus marqué pour les mathématiques pour ceux qui l’ont achevé.* Ce sont pourtant les bons élèves en ont le moins besoin qui sont les plus demandeurs, a révélé une autre enquête de l’Education nationale en 2005.
Conclusion : cahiers de vacances : utiles ou pas ? Oui, si l’enfant le demande et que les parents accompagnent. Sans oublier que le premier devoir de vacances, c’est d'abord ... de se reposer !
* Prénoms d'emprunts
*Enquêtes citées par La Croix 28/07/2022
Pour aller plus loin :
"Les cahiers de vacances de Jules et Léonie" aux éditions Critérion. une collection qui va de l'entrée en CP jusqu'à la 6e, avec rappel du programme scolaire, mais qui "veulent aussi faire grandir l'enfant", souligne sa créatrice Virginie Becquet, en le faisant voyager dans l'espace et le temps, à travers l'Histoire et le monde.
"50 clés pour aider un enfant à mémoriser" par Marie Costa, éditions Eyrolles. Des ingrédients pour un cerveau efficace et des méthodes pour mieux retenir les leçons.
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