Pourquoi est-ce si difficile pour certains de croire que l'on mérite telle récompense, telle promotion ou telle augmentation de salaire ? Le syndrome de l’imposteur, cette conviction que l'on n'est pas légitime, empoisonne la vie de ceux qui en souffrent et mine la confiance en soi. D'où vient-il ? Quels en sont les symptômes et comment s'en défaire ?
À force de se sentir illégitime, de n'attribuer ses réussites qu'à la chance ou au hasard, on en vient soi-même à miner sa confiance en soi. Le syndrome de l'imposteur n'est pas une pathologie au sens clinique, mais il complique rudement la vie de ceux qui en souffrent. Quels sont ses symptômes et comment s'en libérer ? Réponses de Kévin Chassangre, auteur du livre "Le syndrome de l’imposteur - Les clés pour changer d'état d'esprit !" (éd. Mardaga, 2022).
Psychothérapeute spécialisé dans l’accompagnement de personnes en dépression ou en burn-out, Kévin Chassangre a lui-même souffert du syndrome de l'imposteur, quand il était étudiant. "En lisant un article par hasard, je me suis reconnu dans le syndrome de l’imposteur", se souvient-il. Il a alors voulu en comprendre le mécanisme et en savoir plus sur ses symptômes.
Le syndrome de l'imposteur a été conceptualisé par des scientifiques en 1978. "Ce n’est pas une pathologie", précise Kévin Chassangre. Mais cela génère de l’insécurité psychologique, et ceux qui en souffrent ont la "conviction persistante de ne pas mériter leur place".
Se trouver dans l'incapacité de reconnaître ses propres talents et n'attribuer sa réussite qu'à la chance ou au hasard, à terme cela procure un sentiment de honte, d'anxiété et de culpabilité. Kévin Chassangre a identifié chez ceux qui souffrent du syndrome de l'imposteur un manque de confiance en soi. Et une attitude défaitiste. Ils répètent qu’ils "ne vont jamais y arriver". Si le syndrome est parfois transitoire en se manifestant pendant une période déterminée, certaines personnes peuvent en pâtir toute leur vie.
Se sentir imposteur, c’est montrer aux autres que je suis compétent en ayant la sensation de ne pas l’être
Il faut parfois remonter à l'enfance pour trouver les causes du syndrome de l'imposteur. Par exemple, "le manque de valorisation de la part des parents ou à l’inverse la survalorisation, mais aussi la comparaison à outrance entre les enfants", identifie Kévin Chassangre.
Se sentir imposteur, c’est "montrer aux autres que je suis compétent en ayant la sensation de ne pas l’être", en pensant manipuler et tromper son entourage. Kévin Chassangre invite à travailler sur l’acceptation de sa propre vulnérabilité, à s’autoriser à en parler à ses proches, à lever le masque.
On ne se débarrasse jamais vraiment de ce syndrome
Pour en finir avec "l’impression de tromper, la mauvaise attribution et la peur d’être démasqué", Kévin Chassangre propose des solutions. Les personnes qui souffrent du syndrome de l’imposteur ont à la fois peur de l’échec et de la réussite. Il faut donc qu'elles "arrêtent de se fixer des objectifs inatteignables".
Comme pour guérir d'une blessure physique, il faut désapprendre pas à pas à se sentir illégitime. Même si "on ne se débarrasse jamais vraiment de ce syndrome", pointe le psychothérapeute, on peut développer une "hygiène émotionnelle et psychologique au même titre qu’une hygiène physique". Accepter les compliments ou noter les éléments positifs qui prouvent que l’on peut réussir sont autant de clés qui permettent d’avancer.
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