Dans la famille Lambda, je voudrai le père, la mère, mais aussi l’oncle, la tante et les cousins ! Qu’on les appelle "tonton" ou "tatie", ils font aussi partie des figures familiales. Mais quel rôle ont-ils par rapport à nos enfants ? En quoi peuvent-ils aussi les aider à grandir ? Quel soutien peut-on en attendre quand les relations avec ses propres parents deviennent difficiles ? L'éclairage d' Anne-Marie Sudry, psychanalyste et Aline Nativel Id Hammou, psychologue clinicienne spécialisée dans l'enfance et l'adolescence.
Oncles et tantes, quelle particularité par rapport à des parents ? "Ils ont un rôle à la fois différent et complémentaire.", souligne la psychanalyste Anne-Marie Sudry, qui préfère parler plutôt de "fonction parentale et maternelle. C’est à dire venir participer, accompagner l’enfant tout au long de son histoire." Une forme de co-éducation, "où oncles et tantes peuvent être des figures d’attachement pour l’enfant." complète la psychologue clinicienne Aline Nativel. "Des liens initiés par les parents eux-mêmes, d’où l’enfant pourra composer avec son oncle ou sa tante en fonction de l’affectivité que ceux-ci peuvent lui apporter." Au risque parfois de préférer ceux-ci à ses propres parents ? "Cela peut se voir." concède Anne-Marie Sudry, qui rappelle que "tout part du désir de l’enfant. C’est au final lui qui choisit la personne avec qui il va tisser des liens."
Mais qu’est-ce qui peut créer cet intérêt pour un oncle ou une tante ? Cela peut être une profession ou une passion différente, comme le ski , modélisme ou pêche à la ligne ! "C’est surtout cette façon d’être différente au monde, qui va permettre à l’enfant de s’identifier, d’avancer, de répondre à ses questions." avance Anne-Marie Sudry. Une curiosité qui fait partie de la construction de l’enfant, de même que la découverte d’une autre forme d’éducation qu’il n’aura pas forcément à la maison.
Autre apprentissage : l’histoire familiale. Comment était mon papa ou ma maman quand ils étaient petits ? Des anecdotes qu’oncles et tantes peuvent révéler, sans tomber de dans trop lourds secrets, ni "vexer ou fâcher son propre frère ou sœur !" tempère Aline Nativel. « Une façon aussi de "relâcher la pression sur certaines thématiques", comme par exemple les maths, si papa ou maman n’étaient pas brillants comme élèves en la matière !
Et les cousins ? quelle place ont-ils dans la famille ? "Ce ne sont pas des frères ou sœurs. Ils ne vivent pas le quotidien des enfants et il n’y a donc pas d’enjeu de rivalité affective avec les parents." estime Anne Marie Sudry, co-auteure de "Chouchou ou mal-aimé* ". Pas de concurrence vis –à-vis des adultes, mais qui peut se retrouver sur des temps de jeu ou de comparaison « Il peut ainsi y avoir des formes de maladresse de la part des parents en mettant en avant la qualité de tel cousin", constate Aline Nativel. Reste que les retrouvailles entre cousins sont souvent des souvenirs inoubliables, comme en témoigne Véronique, qui se rappelle "avoir piqué des cigares offerts à son oncle et allumé des pétards avec ses cousins dans des silos à blé !". Des "exploits" dont on se souvient plus tard avec nostalgie et "qui font du bien, quand on est adulte." souligne la psychanalyste.
Des cousins, amis pour la vie …voire peut-être plus. Tomber amoureux d’un cousin ou d’une cousine, une situation qui peut aussi arriver. Est-ce encore un sujet tabou ? "La loi française autorise aujourd’hui le mariage entre les deux." souligne la psychanalyste. "Tout en sachant qu’il peut y avoir des risques de consanguinité en cas d’enfant. Mais on ne choisit pas de qui on tombe amoureux !"
A contrario, un enfant peut aussi ne pas vouloir aller chez ses cousins ou oncles et tantes. Faut-il alors insister en tant que parents ? "Il faut d’abord comprendre ce qu’il se passe.", analyse la psychologue Aline Nativel, "voir avec son enfant ce qu’il ressent. Et en fonction de ses réponses, vous pourrez soit décider de l’accompagner à tisser ce lien, soit le laisser se distancier, de voir si c’est quelque chose qui peut se créer ou pas. Mais en aucun cas, forcer l’enfant."
Oncles, tantes et cousins…Ils peuvent aussi servir de médiateurs quand l’enfant rencontre des difficultés à dialoguer avec ses propres parents. Aline Nativel le confirme dans ses consultations. « Cela arrive notamment à l’adolescence pour certaines thématiques, comme la sexualité, où l’on sent que ses parents sont un peu fermés ou trop stricts. Ou encore appeler en priorité un oncle ou une tante quand ils ont fait une bêtise au centre commercial." Un rôle de relais pour apaiser la situation.
Un enfant qui peut aussi critiquer ses parents de ne pas avoir le même train de vie que son oncle ou tante. "Evidemment, on peut reprocher à ses parents de ne pas avoir de piscine ou de partir plus souvent en voyage." déclare la psychanalyste. "Mais c’est aussi un moyen d’engager une conversation pour se projeter dans la vie. Regarde ton oncle, pour cela, il a travaillé. Est-ce que c’est aussi l’avenir que tu envisages ?" Et puis côté positif, faire aussi remarquer à l’enfant "qu’il a de la chance de pouvoir profiter de ces occasions ! "complète Aline Nativel.
Y aura-t-il demain encore des oncles, cousins et nièces ? A l’heure de la baisse des naissances et des familles de moins en moins nombreuses, on peut se poser la question. En attendant, le plaisir de se rassembler est devenu très tendance ces dernières années, à travers les fameuses "cousinades". La plus nombreuse a eu lieu en Août 2012 en Vendée. Elle a réuni près de 5000 cousins sur les 23 000 descendants d’un couple du 17e siècle. Ce qui lui a valu d’être inscrite au Guiness book. Un record toujours à battre !
"Chouchou ou mal-aimé : libérez-vous du regarde familial" d'Anne-Marie Sudry et Catherine Siguret. Editions Denoël. 2019
"Le guide parfait du parent imparfait - Répondre aux besoins de vos enfants sans négliger les vôtres !" de Aline Nativel Id Hammou et Pauline Perrolet. editions Mango 2024
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
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