Dans la vie, il y a ceux qui foncent ... et ceux qui hésitent, en permanence. Et c'est peut-être le cas de votre enfant, alors qu'il a toutes les capacités pour réussir. Comment expliquer ces blocages ? Quelles solutions pour lui redonner confiance ? Décryptage de Marie-Line Stenger, thérapeute enfants et adolescents et auteure de "Pour aller de l'inquiétude à la quiétude" publié chez Hello Editions.
"Moi, ça m’arrive souvent d’être angoissée pour rien. Dès qu’il y a un contrôle par exemple, ça me stresse. Je ne sais pas pourquoi, alors qu’au final, ça se passe toujours bien. » Qu’est-ce qui peut donc bien pousser Chloé, 13 ans, à douter d’elle en permanence ? Comment cultiver sa confiance en soi ? Explications et solutions !
Qu’appelle-t-on confiance en soi ? Pour Marie-Line Stenger, c’est différent de l’estime de soi, "cet amour que l’on se porte à soi –même, comme dans la fameuse publicité "Parce que je le vaux bien ! ". Un sentiment qui se construit enfant grâce à l’amour inconditionnel de ses parents : "Je t’aime pour ce que tu es, non pour ce que tu fais." La confiance en soi, c’est une émotion plus en lien avec les compétences : "Je sais faire ceci, mais je ne sais pas encore faire cela." Mais l’estime de soi reste l’un des piliers de la confiance. Si on se sent dévalorisé, difficile de croire en ses capacités !
Mais quels sont les autres piliers de cette confiance en soi ? La thérapeute en identifie trois : la sécurité physique et mentale, savoir que ses parents répondront à ses besoins. Le sentiment de compétences, se sentir capable de relever des défis, d’atteindre des objectifs. Enfin, le fait d’appartenir à un groupe : "Si j’en fais partie, c’est que je suis apprécié, j’ai de la valeur et qu’on reconnait mes aptitudes." Le cas à l'école, mais aussi pour le sport. Ce que confirme Christine, grand-mère de 6 petits enfants, dont certains ont gagné confiance en eux en intégrant des équipes de foot ou de tennis.
Voilà pour les principes. Pour autant, comment expliquer qu’un enfant ou ado puisse s’enfermer dans un dénigrement permanent ? C’est le mécanisme de "l’auto sabotage". Et Marie -Line Stenger de citer l'exemple typique du contrôle de maths : "J'ai eu une mauvaise note, donc je suis nul en maths, d’ailleurs je suis nul à l’école et j’ai et serai toujours nul partout." Personnalisation, perméabilité et permanence. Le cercle vicieux des trois P, dans lequel Alix, collégienne, a refusé de tomber. "Une note reste une note et ne va pas conditionner toute ta vie. Il faut au contraire tenir compte de ses erreurs, les comprendre pour continuer d’avancer."
Cela dit, comment réagir en tant que parents quand on sent son enfant en difficulté ? Mettre la pression en mode « Bouge-toi, tu peux ou tu dois y arriver !" ? Une méthode à utiliser "à dose raisonnable", estime Marie-Line Stenger "Si on reste à pleurer avec son enfant, c’est sûr, on ne sera pas aidant. Mais si ça peut marcher pour l’un, ça restera inefficace pour un autre.".
Recourir à des comparaisons, genre "A ton âge, ton frère savait déjà lacer ses chaussures ou ta sœur faire du vélo ?" A éviter pour la thérapeute, car c ’est enfermer l’enfant dans une "étiqu’être" d’incapable.
Enfin, complimenter pour un 10 sur 10 ? Cela flatte l’ego, mais fige et angoisse pour le prochain contrôle. "Je préfère le terme de féliciter ou d’encourager, qui agit plus sur la motivation : je vois que tu as fait des efforts pour réussir ton devoir, tu peux être fier de toi !"
Renforcer sa confiance en soi, ça peut aussi passer par quelques exercices que Marie-Line Stenger propose volontiers en consultation, comme le cahier de fiertés. Un carnet ou l’enfant inscrira sa petite réussite du jour. L ’écrire ancrera en lui l’information et lui permettra d’y revenir en cas de "rechute". Une variante : créer une guirlande de fiertés, voire même un mur où chaque membre de la famille pourra mettre la sienne avec un post- it !
Quoiqu’il en soit, ne pas hésiter à prendre cette défiance au sérieux. "Elle ne passera pas toute seule avec l’âge" prévient Marie-Line Stenger. donc, consulter ... Et rester confiants. Comme le déclarait Cathy Reed, championne de patinage artistique "Les échecs servent de répétitions au succès". Une formule valable sur la glace, mais aussi sur tous les terrains !
Pour aller plus loin :
"Pour aller de l'inquiétude à la quiétude" de Marie-Line Stenger, chez Hello Editions. Un abécédaire de trucs et astuces de psy , avec tout un chapitre sur la confiance et l'estime de soi. Notamment l'exercice du "coffre magique" et des "poupées russes" !
"Leur donner confiance en eux pour toute la vie" de Julie Renaud spécialiste en thérapie systémique parents-enfants, aux éditions Eyrolles
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