Quand la maladie psychique s’invite dans la vie d’une personne, c’est une véritable déflagration pour elle, comme pour ses proches. Ce moment douloureux fait souvent irruption lors d’une crise à l’adolescence ou au début de l’âge adulte. Peur, inconnu, incompréhension, c’est alors le début d’un long chemin sinueux pour la personne concernée et son entourage. Que faire quand cela arrive ? Quelles démarches pour obtenir des explications et un diagnostic ? Une émission Je pense donc j'agis présentée par Melchior Gormand.
L'irruption de la maladie psychique est vécue comme un véritable tsunami dans la vie d'une personne. Selon l’Institut de Psychiatrie, au moins 15 000 nouveaux jeunes font une crise psychiatrique en France chaque année. Il est nécessaire d’agir pour éviter une aggravation des troubles et des crises traumatisantes. Avant l’accompagnement et les soins, le diagnostic est une première étape.
Pourtant courante, la souffrance psychique fait encore l’objet d'idées reçues et de stigmatisation. Beaucoup sont mal informés sur le sujet, ce qui n’aide pas un entourage quand il s'agit d'accompagner un proche en souffrance, surtout lors de la première crise. Pour le docteur Nicolas Rainteau, médecin psychiatre, "il n'y a pas de mauvaises manières de réagir face à une crise. Ce n'est pas évident de savoir quoi faire car les gens n'ont pas les codes". Ces difficultés, Guillemette de Préval, journaliste à Ombres & Lumières, a tenté de les mettre en avant dans un dossier consacré à l’irruption de la maladie psychique : "C’est nécessaire d’informer les gens sur le sujet car souvent on ne sait pas comment réagir face aux maladies psychiques, une pathologie comme la bipolarité véhicule encore beaucoup de peur dans la société.” Après une crise, le diagnostic permet au malade de lui faire accepter sa condition. Comme le dit Gwen, une auditrice de RCF : "Le diagnostic est une reconnaissance de notre légitimité."
Mais comment poser un diagnostic ? Il y a d'abord un critère de norme sociale, qui est simplement le fait de pouvoir se comporter “normalement” en respectant des règles de politesse et des comportements spécifiques. Le deuxième critère concerne le fonctionnement intérieur, plus difficile à décrypter car il s’agit de connaître l’état mental intérieur de la personne. Il est courant qu’un trouble soit diagnostiqué plusieurs années après une crise car il faut avoir accès à un psychiatre, et le rencontrer plusieurs fois. "L’accès à nous, psychiatres, reste compliqué pour les gens lorsqu’ils sont découragés par leur situation", déplore Nicolas Rainteau.
Souffrance psychique, santé mentale : quelle différence ? "On a tous une santé mentale dont il faut prendre soin. Il arrive d’avoir des émotions négatives qui sont normales, comme l'anxiété”, explique Nicolas Rainteau. En effet, le bien-être et la souffrance cohabitent tout au long de la vie. Cependant, un trouble psychique intervient si les symptômes durent trop longtemps et si l’individu est incapable de maintenir son équilibre mental, l’état de bien-être étant trop perturbé.
Florian Vallières souffre du trouble de la bipolarité. Il est l’auteur du livre Ma vie aux deux extrêmes où il évoque son trouble. Diagnostiqué à l’âge de 28 ans après dix années d’incompréhension, le jeune homme est atteint de profondes dépressions qui alternent avec des phases de délires le coupant de la réalité. La bipolarité désigne un trouble de l’humeur. Le sujet alterne des phases de dépression ou il va ressentir un manque d’envie et de motivation puis des phases maniaques que Nicolas Rainteau décrit comme étant des "accélérations psychiques" avec peu de fatigue et beaucoup d’idées qui se mélangent dans la tête. "Ça ne change pas au sein d’une même journée. Tout le monde a des changements d'humeur mais ce n’est pas la même chose", précise-t-il.
Florian raconte son combat contre cette pathologie qu’il n’avait pas encore identifiée quand il a eu sa première crise à l'âge de 20 ans : "Je suis parti aux Journées Mondiales de la Jeunesse à Madrid et j’y ai fait ma première crise maniaque. Je me prenais littéralement pour Jésus.” Troublé par ses crises, Florian n’acceptait pas sa maladie et avait honte. Il se confie : "Parfois ma vie part à deux cents à l’heure. Ça va beaucoup trop vite pour moi.” Le trentenaire parisien a aujourd’hui la chance d’être stabilisé, il assure ne pas avoir fait de crise depuis quatre ans : "Aujourd’hui, je vais bien. J’ai un emploi stable et je me marie en juin. L’espérance est plus forte que la maladie donc il faut se battre".
Laetitia Forgeot d’Arc, journaliste radio, est la maman de Cyprien diagnostiqué schizophrène à l’âge de 18 ans. "C'est difficile de décrire le moment de la première crise. Elle a été précédée d’inquiétudes sur son rapport aux autres et sur son niveau scolaire." Laetitia décrit ensuite le moment où elle a découvert le problème psychique de son fils : "Un soir, alors qu’on rentre à la maison, on le trouve couché par terre en train de raconter n’importe quoi. On a vu la crise psychotique de l’extérieur comme ça. On a été secoués, mais ça devait être plus dur pour Cyprien car c’est lui qui la vit." Pour les proches, les crises sont un moment assez paralysant car ils ne savent pas comment réagir et comment aider la personne concernée. Laetitia raconte cette épreuve dans le podcast Gueules Cachées.
La schizophrénie se traduit par une perception perturbée de la réalité avec des idées délirantes ou des hallucinations. Le sujet a aussi des difficultés sociales dans la communication avec les autres et a tendance à s’isoler socialement. Les personnes schizophrènes éprouvent souvent des difficultés cognitives au niveau de la mémoire ou de l’attention. 24 millions de personnes seraient atteintes par ce trouble dans le monde selon l’OMS.
- UNAFAM
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