Anne-Gaël Guiol, de la Fondation Falret, nous parle de la schizophrénie, une maladie encore mal connue du public.
Certains médias se sont fait l'écho de la journée importante pour informer sur les troubles schizophréniques qui touchent quand même une personne sur 100. Pour la vingtième édition des Journées de la Schizophrénie, le slogan était très explicite et incitatif : « Sortons des cases qui stigmatisent, parlons des schizophrénies ». L’heure est encore à la parole et à la déconstruction des clichés que nous avons.
Faut-il rappeler qu’elles sont la plupart du temps très négatives, outrancières et tenaces ? Ces représentations nourrissent l’exclusion, elles font le lit de la discrimination. En fait il n’existe pas une mais plusieurs formes de schizophrénies. PositiveMinders, l’association à l’origine des journées de la Schizophrénie explique que certaines classifications en recensent même 35 types; certaines formes ayant d’excellentes perspectives d’évolution symptomatique quand d’autres peuvent voir les symptômes perdurer avec des degrés de sévérité inégaux. Avec une telle diversité et variabilité, le diagnostic et l’entrée dans les soins sont plus ou moins rapides selon les personnes, et les parcours de vie sont bien évidemment différents.
Il s’agit d’une forme de psychose qui se caractérise par une perte de contact avec la réalité, c’est-à-dire par une perception de la réalité différente de ce qu’elle est. Cela peut prendre la forme d’hallucinations ou d’idées délirantes. Certaines personnes se sentent soudainement menacées et deviennent très méfiantes, sur la défensive. Des préoccupations nouvelles envahissantes, des bizarreries ou des attitudes étranges peuvent également apparaître. Les personnes concernées peuvent s’isoler, être en rupture sociale. Elles peuvent aussi avoir des changements d’humeur : des phases d’exaltation comme des moments d’abattement, de perte d’énergie. En fait, ce sont les changements qui doivent alerter. L’entourage doit se montrer vigilant quand il observe que la personne n’est plus comme à son habitude.
Avant tout, se diriger vers un médecin généraliste ; il orientera vers un professionnel qui posera un diagnostic. C’est important que le repérage du trouble se fasse rapidement –quel qu’il soit en réalité, cela vaut aussi pour les troubles dépressifs, anxieux, etc. Ce repérage précoce facilite la mise en place d’un accompagnement adapté. Et concernant les troubles schizophréniques, dans 80 % des cas, les symptômes s'améliorent dès qu'ils commencent à être accompagnés. Chaque année, il y a plus de 10 000 personnes diagnostiquées en France, dont plus de 85 % sont âgées entre 15 et 25 ans.
Ce n’est pas qu’ils sont plus touchés que les adultes mais en réalité, c’est durant cette période de la vie que le trouble survient généralement. Mais avec une intervention précoce, 60 % des jeunes se rétablissent socialement dans les 2 ans. L’essentiel est d’être soutenu rapidement pour garder espoir, pour trouver un état de bien-être satisfaisant, pour apprendre à construire sa vie avec la maladie. Alors c’est vrai qu’il faudra parfois sans doute revoir ses projets mais on peut aussi découvrir d’autres opportunités et surtout des forces nouvelles.
Pour aller plus loin : schizinfo.com
Une chronique en partenariat avec la Fondation Falret, une fondation reconnue d'utilité publique, fondée en 1841 par le psychiatre français Jean-Pierre Falret; elle accompagne des personnes souffrant de troubles psychiques et/ou en difficultés psychosociales afin qu’elles trouvent leur place dans la société et exercent pleinement leur citoyenneté.
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