Plus de deux millions de Français sont en burn out reconnu selon le baromètre OpinionWay du cabinet Empreinte Humaine. Le nombre de personnes concernées ne cesse d’augmenter ces dernières années, la crise sanitaire et les confinements n’ayant pas aidé et la société étant centrée sur la performance professionnelle. La perte de sens au travail en est souvent la cause, tandis que les diagnostics erronés et les traitements inadaptés sont récurrents. Alors peut-on réellement se remettre d’un burn out et retourner sans risque à la vie professionnelle ?
Les victimes de burn out sont de plus en plus nombreuses en France. Quatre catégories professionnelles sont particulièrement concernées et se démarquent ainsi. Le corps médical est en tête, suivi des cadres et managers d’entreprise, puis du corps enseignant et enfin des forces de l’ordre. Ces trois années de Covid n’ont pas arrangé les choses puisque la distinction entre domicile et lieu de travail s’est estompée pour beaucoup de professions. "Le travail est entré dans la maison de façon brutale, ça a chamboulé pas mal de choses", estime le docteur Fabrice Bak, psychologue cognitiviste et co-fondateur de l'association Vaincre le burn-out.
L’histoire française du burn out n’est pas une vieille dame. La première personne à en avoir parlé est le psychiatre américain Herbert Freudenberger en 1974. En France, ce sujet n’est traité que depuis peu de temps. C’est lorsque le professeur Olié et le docteur Légeron ont remis un rapport à l'Académie de santé le 26 février 2016 que la question du burn out est arrivée sur la table. Celui-ci n’est entré dans la loi qu’un an plus tard. "Ça a été long et compliqué car on dénombre 132 symptômes différents. C’est une maladie cognitive, comportementale et émotionnelle", explique Fabrice Bak.
Déconstruire les préjugés. "On a tendance à penser que c’est un coup de mou passager et qu’il suffit de se mettre au vert pour repartir", déplore Fabrice Bak. Pourtant, le burn out est une véritable problématique qui s’installe dans le temps et qui touche de plus en plus de personnes. Le docteur Bak parle même d’une "épidémie silencieuse". "C’est la maladie des forts et non des faibles comme on le dit parfois", considère celui-ci puisqu’elle concerne ceux qui ont tenu dans le temps et ont été au-delà de leurs limites. Malheureusement, le burn out est souvent mépris pour une dépression et le traitement conseillé n’est alors pas adapté.
Les bienfaits de la prévention. Margareth Barcouda, présidente de l'association Stop au Burn Out, insiste sur la nécessité de sensibiliser, d’informer et de former les professionnels. Notamment, le médecin généraliste "manque souvent de formation et d’information", déplore Fabrice Bak. En outre, le premier maillon de la chaîne est surtout l'entourage des concernés qui ne sait généralement pas comment réagir aux premières manifestations de la maladie. "C’est la raison pour laquelle l’association a été créée", confie sa présidente. "Nous sommes tous des soignants, avoir la bonne grille de lecture est nécessaire", insiste le docteur Bak.
Une personne qui est au bon endroit fait des choses extraordinaires
Des symptômes distinctifs. "L’entrée en burn out se découpe en quatre phases", selon Margareth Barcouda. Dans un premier temps, l’engagement au travail est trop grand et la personne s'investit plus qu’elle ne le devrait. Ensuite, le poids de la toute-puissance du travail se fait ressentir sur la vie personnelle ; "on note souvent un isolement et un arrêt des loisirs". Par la suite, la personne concernée travaille excessivement et est sujette à de l’angoisse, de l’anxiété, voire un stress chronique lié au travail. Finalement, la phase de l’effondrement est synonyme d’entrée dans la maladie ; le travail devient un fardeau et ne peut plus être fait. Mais "chaque phase à ses solutions", précise Fabrice Bak.
Une diversité des solutions. Tout d’abord, il est important d’identifier les facteurs stressants, de bien s’entourer et de consulter si besoin. Il faut également savoir que "sept forment de burn out existent", ce qui implique "des modalités de traitement différentes", explicite le docteur Bak. Ce dernier insiste sur la différence entre dépression et burn out : "les antidépresseurs ne suffisent pas, ils servent seulement à camoufler et quand on arrête le traitement on resombre". Qui plus est, le retour au travail ne doit pas se faire précocement. "Prendre le temps de se reconstruire est essentiel", rappelle Margareth Barcouda. Un arrêt de travail longue durée est souvent nécessaire pour se relever, réfléchir à ses objectifs et trouver une voie adaptée. "Une personne qui est au bon endroit fait des choses extraordinaires", conclut Fabrice Bak.
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