Les débats sur la réforme des retraites s'achèveront à l'Assemblée vendredi à minuit, en vertu de l'article 47-1 déclenché par le gouvernement. À l'approche de la date butoir, les groupes LFI et PS ont retiré hier soir des milliers d'amendements. Leurs partenaires écologistes de la NUPES ont retiré dès mardi soir tous les leurs, jusqu'à l'article 7, qui prévoit le report de l'âge légal de départ de 62 à 64 ans. Pour la députée écologiste Marie-Charlotte Garin, c'est un modèle social qu'il faut interroger.
"Deux visions littéralement opposées de la société s'affrontent à l'Assemblée nationale", affirme Marie-Charlotte Garin. Alors que le nombre d'amendements au texte s'élève à 11 000, malgré le retrait par la Nupes de nombre d'entre eux, la députée écologiste du Rhône réfute tout procès en blocage. "Le droit d'amendement individuel de chaque député, il est constitutionnel, il est de droit", rappelle-t-elle. "On ne peut pas reprocher aux oppositions d'utiliser tous les outils à leur disposition pour s'opposer à cette réforme."
Le gouvernement a choisi d'utiliser l'article 47-1 de la Constitution, un outil méconnu permettant de limiter à cinquante jours la procédure parlementaire. "C'est la continuité de la brutalité du gouvernement, qui brutalise le débat parlementaire avec dix 49-3 sur six mois de mandat", soupire-t-elle.
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Marie-Charlotte Garin souligne le rejet massif que suscite le projet dans l'opinion. "On a 93% des actifs qui sont opposés au report de l'âge légal", assure-t-elle. Un chiffre avancé dans une enquête de l'Institut Montaigne dévoilée mi-janvier.
Cette mobilisation est inédite
À l'aube d'une nouvelle journée de grève, la députée salue la fronde sociale qui s'organise depuis un mois. "On a une mobilisation sans précédent dans la rue, une intersyndicale qui n'avait jamais été unie sur les dix, quinze dernières années. Donc cette mobilisation est inédite", se félicite-t-elle. Le 12 octobre 2010, la réforme Woerth avait vu défiler 3,5 millions de personnes (syndicats), un chiffre supérieur à ceux jusque-là cités pour la présente réforme (2,8 millions au plus fort selon les syndicats, le 31 janvier).
Au-delà des équilibres financiers du système de retraites, ce débat soulève des enjeux moraux. "La majorité présidentielle est en incapacité de nous proposer un vrai projet de société sur le travail", déplore-t-elle. L'allongement du temps de travail serait contraire au sens de l'histoire. "Quand je parle de projet de société, je parle du sens historique ; nous sommes en train de réduire le temps de travail sur les cinquante, cent dernières années." D'autant plus que l'urgence climatique impose une réduction de l'activité humaine. "À l'heure de la crise climatique, on ne peut pas se permettre de faire exploser les compteurs de la productivité et du travail", considère Marie-Charlotte Garin.
À l'approche quantitative de la majorité, la députée EELV préfère une approche qualitative du travail. "On doit travailler moins, on doit travailler mieux", déclare-t-elle. Et de décliner concrètement : "Je suis pour la semaine de quatre jours. Je suis pour que chacun, chacune puisse s'investir dans autre chose que son travail, que ce soit des engagements bénévoles, des associations, s'occuper des petits enfants." Elle dénonce le prisme uniquement financier du projet de l'exécutif. "Tout le travail qui n'a pas de valeur monétaire n'est pas pris en compte par le gouvernement." Il lui reste trente-six heures pour faire valoir ses convictions dans l'hémicycle. Le texte passera ensuite dans les mains du Sénat.
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