Et si on parlait de la fraternité pour réveiller une campagne présidentielle que beaucoup jugent atone... ? Car elle a beau faire partie de notre devise, la fraternité est le grand défi de notre République. Dans une société de plus en plus fractionnée, elle semble difficile à mettre en œuvre. Et 14% des Français souffrent d’isolement social. Que proposent les candidats pour favoriser la fraternité ? On en parle avec Sylvie Bukhari de Pontual, du CCFD-Terre Solidaire, Véronique Albanel, du JRS France et Jean-Francois Serres, fondateur de Monalisa.
Cette campagne électorale est atone, pour Sylvie Bukhari de Pontual, la présidente du CCFD-Terre solidaire, . "On ne discute pas, regrette-t-elle, des défis de fond pour notre pays. On crée des espace de fracture et de friction en se détournant des véritables préoccupations des citoyens." Le CCFD, avec 36 autres organisations chrétiennes de solidarité veut donc mettre en avant trois grandes défis pour cette campagne présidentielle :
- 1er défi : Le débat et la restauration du lien social ;
- 2e défi : la construction de toutes les politiques publiques à partir des plus vulnérables ;
- 3e défi : l’urgence écologique doit être au cœur des politiques pour nous permettre d'affronter les multiples crises.
14% des Français souffrent d’isolement social, un quart d'entre eux n’ont des relations que dans un seul réseau. Pour Jean-François Serre, fondateur de Monalisa et auteur de "La fraternité : le défi de notre République" (éd. L'Observatoire), l’isolement social est au cœur des grandes crises auxquelles la campagne présidentielle devrait essayer de répondre.
"Les gens ont besoin de reconnaissance. Quand on manque de relations, cela provoque de la souffrance. Cet isolement augmente le sentiment d’insécurité." La fraternité, précise Jean-François Serres, ce sont "des relations qui produisent de la reconnaissance, de la protection et de la participation".
La fraternité est bien le défi de notre République, considère Jean-François Serres. "Si on ne s’en préoccupe pas, ce sont la liberté et l’égalité qui vont commencer à dépérir." Or, il n’y a pas d'évidence sur la fraternité, selon la philosophe Véronique Albanel, présidente du JRS France. "Chaque religion est fracturée sur ce sujet de la fraternité", explique-t-elle. Difficile pour chacune des communautés de définir où commence la fraternité. "Même au sein des penseurs catholiques, il y a des lectures différentes de la parabole du Bon samaritain..."
On peut cependant souligner l'élan de générosité sans précédent provoqué par la guerre en Ukraine. Comme le souligne Véronique Albanel, face à cette guerre, c'est aussi "une Europe de la fraternité" qui est en train de se mettre en place. Une Europe de la fraternité, où il est important de ne pas mettre en concurrence les publics qui demandent l’asile. "La fraternité, on y est appelé, dit-elle, mais en même temps ça s'apprend." La présidente du JRS France se félicite du savoir-faire des associations pour accompagner cet élan de générosité et ce soucis de l’hospitalité.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
En partenariat avec Collège des Bernardins
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !