Le patrimoine, un héritage que nous léguons à la jeunesse
En partenariat avec VERS LE HAUT
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Entre les histoires de familles, les trésors anciens et les vieilles légendes qui perdurent, la chasse aux trésors se développe de plus en plus et en particulier le détectorisme. La France compte ainsi près de 120.000 chasseurs de trésors qui arpentent les champs, plages et forêts à la recherche d’objets perdus ou oubliés. Mais cette activité de loisir qui crée l’engouement fait l’objet d'une réglementation sévère en France et est parfois critiquée par les professionnels de l'archéologie.
Le Code civil de 1804 définit le trésor comme "toute chose cachée ou enfouie sur laquelle personne ne peut justifier sa propriété, et qui est découverte par le pur effet du hasard". Mais cette notion reste abstraite et peut prêter à débat. Pour Didier Perrin, détectoriste et animateur de la chaîne YouTube Chasseurs de trésors, "c’est une notion qui diffère en fonction des personnes et des objets".
Le droit anglais est souvent mis en parallèle du droit français en la matière, puisque le trésor a une définition très spécifique et parce que la chasse aux trésors est plus libre. "C’est une catégorie d’objets contenant de l’or ou de l’argent à laquelle est attachée une protection spécifique", indique Sophie Vigneron, professeure de droit à l’Université de Kent.
De nombreux archéologues sont vent debout contre la pratique du détectorisme. Pour beaucoup, "l’objet trouvé en tant que tel apporte un élément historique et ne doit pas être détérioré, ni conservé", explique Julien Alvarez, fondateur des Éditions du trésor. Les archéologues insistent ainsi sur la manière de trouver l’objet. En effet, l’environnement dans lequel il se situe contient souvent des informations importantes et peut apporter des éléments de réponse quant à son histoire, son usage et son âge.
"À force de créer la suspicion sur les détectoristes et vouloir en faire des pilleurs, on arrive à un effet inverse", déplore Didier Perrin. Selon lui, ceux qui trouvent des objets intéressants ont ainsi de plus en plus tendance à les garder et à ne pas les transmettre. Cela s’expliquerait par la dureté de la législation et par la vision négative de cette activité par les archéologues. Didier Perrin dénote également le manque de formation des détectoristes qui gagneraient à être plus vigilants et précautionneux. "Il faudrait une relation entre les archéologues et eux pour que les choses se fassent dans de meilleures conditions mais le dialogue est difficile", confie-t-il.
Les lois française et anglaise ne voient pas les choses du même œil en matière de trésors et de détectorisme. La chasse aux trésors par détecteur de métaux est totalement autorisée en droit anglais et est plus libre, les seules exigences majeures étant le respect de la propriété privée et la déclaration des objets sur une base de données nationale. Mais d’après Sophie Vigneron, l’engouement nouveau autour de cette pratique incite les gens à souvent se lancer sans respecter les règles. "Donner une valeur financière aux trésors incite à en chercher et à ne pas les déclarer", estime celle-ci.
En France, la légalité du détecteur de métaux est sujette à débats mais rien n’interdit d’en posséder un. "La vente se fait en accès libre mais l'utilisation est restreinte et réglementée", avoue Julien Alvarez. Il existe en droit français différents régimes du trésor en fonction de son lieu de découverte. Les règles ne sont pas les mêmes sur terre et sous mer, sur un terrain public ou privé, ou encore en fonction de qui trouve l’objet. "La loi française a ses limites, c’est toujours au propriétaire du terrain que revient l’objet et non au détectoriste", explique Didier Perrin qui aimerait voir la vision anglaise s’importer en France.
Les adeptes du détectorisme sont tout de même nombreux en France comme à l’étranger. "La chasse est un moment convivial et amusant", selon Didier Perrin dont le seul but est de "créer un engouement pour ce qu’on a dans notre sol". En effet, les pratiquants veulent souvent s’amuser et se réapproprier l’histoire. En Angleterre, déjà "plus de 1,5 million d’objets ont été collectés dans la base de données du British Museum", raconte Sophie Vigneron. Le dénominateur commun à toute chasse et découverte de trésor est, aux yeux de Julien Alvarez, "la part de rêve, l’excitation de la découverte et la satisfaction de l’enfant en soi".
Écoutez la seconde partie de Je pense donc j'agis :
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
Intervenez en direct au 04 72 38 20 23, dans le groupe Facebook Je pense donc j'agis ou écrivez à direct@rcf.fr
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