Pour l'Église, la crainte c'est toujours qu'on en fasse trop pour les animaux. Récemment le pape François a déploré le choix de certains couples de préférer avoir un chat ou un chien plutôt qu'un enfant. D'un autre côté, l'Église invite à interroger son rapport à l'animal, notamment en ce qui concerne la consommation de viande et de poisson. Ainsi, le jésuite Éric Charmetant nous invite à une véritable conversion alimentaire...
"Les chiens et les chats prennent la place des enfants", a déploré le pape François le 5 janvier dernier, lors d’une audience qui n’est pas passée inaperçue. Inquiet de la baisse de la natalité dans certains pays, le souverain pontife a regretté que certains couples préfèrent avoir des animaux de compagnie plutôt que des enfants. "Cela peut faire rire, mais c’est une réalité", a-t-il déclaré. Un tiers des Français possèdent un chat et le marché des animaux de compagnie est en pleine progression. D’ailleurs, le Père Éric Charmetant observe lui-même qu’il y a de plus en plus de bénédictions d’animaux de compagnie.
"La crainte toujours qui s’exprime dans l’Église c’est qu’on en fasse trop pour les animaux", explique-t-il. Malgré tout, Éric Charmetant observe qu’il existe "un cercle vertueux", où "avoir une relation bienfaisante avec les animaux va dans le même sens qu’une relation bienfaisante et bienveillante avec les humains". La dimension thérapeutique de la relation à l’animal est aujourd’hui connue, on utilise la zoothérapie aussi bien avec des malades d’Alzheimer qu’avec des jeunes en difficulté.
Fondamentalement pour l’Église, l’être humain reste un être singulier qui ne peut être mis à la même place que les animaux. Mais il y a une sorte de complémentarité et d’interdépendance. "On a besoin de cette relation aux animaux pour vivre, aussi bien dans la chaîne alimentaire…"
Mais justement, ne gaspille-t-on pas les vies animales ? En 2018, 1380 milliards d’animaux ont été tués pour être consommés, selon l’association L214. Or, pour limiter le réchauffement climatique, il faudrait diminuer par deux ou par trois notre consommation de viande d’ici 2050. Mais la question fait largement débat et ne satisfait pas les amateurs de viande - même au sein de la communauté jésuite, il n'y a pas de consensus sur le sujet, confie le Père Charmetant.
Certains s’inquiètent de voir leurs enfants ou petits-enfants devenir végans ou végétariens. "On n’est pas obligés tous de devenir végans, explique le Père Charmetant, mais il peut y avoir un côté prophétique dans le fait de revenir à cette alimentation végétalienne qu’on voit en Genèse 1." Rien n’interdit par exemple un chrétien à porter du cuir. Mais "on peut s’interroger sur la manière dont sont produits ces cuirs" et revenir à une "vision chrétienne de l’élevage".
On n’est pas obligés tous de devenir végans, mais il peut y avoir un côté prophétique dans le fait de revenir à cette alimentation végétalienne qu’on voit dans la Genèse
En fait, c’est à une véritable conversion alimentaire que nous invite le jésuite Éric Charmettant. "Je pense que c’est vraiment un défi pour nous, si on veut que la Terre en 2050 permette au maximum de personnes de vivre dans des conditions environnementales correctes." On peut ainsi commencer par des périodes, par exemple le Carême, où l’on tente de limiter sa consommation de viande et de poisson. L’occasion de découvrir la créativité de l’alimentation végan, "une cuisine qui peut être bonne…"
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