Cette semaine dans la Chronique cinéma de RCF, on parle de “Interdit aux chiens et aux Italiens” d’Alain Ughetto. Un film d’animation sélectionné au dernier festival d’Annecy.
C’est un récit autobiographique, l’histoire bien réelle de la famille du réalisateur.
Le film est réalisé en stop-motion, c’est une technique d’animation faite image par image à partir d’éléments réels : des personnages en pâte à modeler, des décors faits de matériaux artisanaux : les arbres sont faits en brocolis, les briques des constructions en morceaux de sucre et les montagnes avec du charbon. Il y a un côté bricolé et “fait maison” qui donne beaucoup de chaleur et de tendresse au film.
Les grands-parents du réalisateur viennent du petit village d’Ughettera. C’est souvent le cas en Italie où les villages portent le nom de la famille qui y vit. Le récit commence à la fin du 19ᵉ siècle et Alain Ughetto invente un dialogue fictif avec sa grand-mère Césira qui lui raconte comment Luigi son grand-père partait sur les chantiers dans les Alpes, construire des routes, des tunnels, pour nourrir leur famille nombreuse. Ils avaient neuf enfants dont Vincent le père du réalisateur.
Ils ont fini par s’installer dans la vallée du Rhône puis dans la Drôme, où le jeune Alain regarde passer le tour de France tous les étés, au son de l’accordéon.
C’est effectivement un bel hommage à ses grands-parents qui ont traversé des épreuves (la montée du fascisme, deux conflits mondiaux, la pauvreté souvent) en gardant toujours de la gaieté et de l’humour, beaucoup de courage aussi pour aller travailler sur ces chantiers où ils risquaient leur vie.
Et puis c’est aussi une histoire plus universelle qui rejoint toutes les familles conduites à l’exil aujourd’hui dans toutes les régions du monde.
On le voit dans le film fabriquer les décors, les personnages. Sa main apparaît presque comme un personnage en soi, en train de tendre un outil à son grand-père, de vêtir ses marionnettes. Il y a une transmission qui s’opère ici. C’est très touchant.
Il y a aussi une pointe de nostalgie, à vouloir retrouver les joies de ce passé. La grand-mère Césira (dont la voix est celle d’Ariane Ascaride) conclut joliment en lui disant : “On ne vient pas d’un pays, on vient de son enfance”.
Il est vraiment tout public. Il touchera les adultes, mais il peut être vu par les enfants à partir de 8-10 ans, et il les sensibilisera à la question de l’exil.
C’est un film très sensible et très profond sur le sujet complexe des enfants adoptés qui, une fois adultes, veulent retrouver leurs parents biologiques. Cela se passe en Corée et on suit Frédérique dans toutes les étapes qui la conduiront vers une forme de libération.
C’est très beau et le réalisateur Davy Chou vient d’être nommé par l’association Unifrance dans la liste des 10 talents à suivre qui incarne le renouveau du cinéma français.
Cette semaine “Interdit aux chiens et aux Italiens” et “Retour à Séoul” est à découvrir dans les salles obscures.
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