Aujourd’hui nous allons en banlieue parisienne. A Vitry-sur-Seine pour une visite au Mac Val. Mac Val, cela signifie Musée d’art contemporain du Val-de-Marne.
C’est la mode pour les musées de se doter d’acronymes qui sonnent bien. Musée installé dans un bâtiment qui a ouvert ses portes en 2005, une belle architecture, simple et lumineuse, conçue par Jacques Ripault et Denise Duhart. La collection, elle, a été amorcée dès 1982 par le conseil départemental du Val-de-Marne. Avec pour objectif de créer un panorama de l’art contemporain en France de 1950 à nos jours. D’où ce musée, le seul dans notre pays focalisé sur la scène artistique française.
Le Mac Val modifie souvent son accrochage en utilisant des approches thématiques. Mais, tout récemment, il a repris un parcours plus classique, presque chronologique en allant rechercher dans les réserves des oeuvres qui n’avaient pas été exposées depuis longtemps.
Je dirais le travail bénéfique du temps. L‘art contemporain explore des voies nouvelles qui laissent souvent le visiteur perplexe. Avec le recul du temps, certaines de ces recherches trouvent leur place dans l’histoire de l’art, d’autres non parce que trop gadget ou trop superficielles. Le temps permet aussi au regardeur d’accoutumer son regard, de l’éduquer à des modes d’expression qui, au premier abord, pouvait déplaire ou déranger.
Il y a tout de même des éléments de continuité qui nous aident à nous situer dans l’histoire de l’art contemporain
C’est l’expérience que l’on peut faire au Mac Val. Les premières salles consacrées à l’après-guerre nous paraissent familières avec de très belles oeuvres d’Alberto Magnelli, Alfred Manessier et Germaine Richier. Puis, on aborde des époques où la rupture avec la tradition picturale est plus radicale. Mais il y a tout de même des éléments de continuité qui nous aident à nous situer dans l’histoire de l’art contemporain. Je pense à des oeuvres de Geneviève Asse, Olivier Debré, Gilles Aillaud ou Jean Dubuffet. Le parcours comprend aussi un bel accrochage de photos avec des images très émouvantes de Willy Ronis et de Robert Doisneau qui était, si je puis dire, un enfant du pays.
Dans une certaine mesure, oui. À un moment donné, qui se sera différent pour chacun, on peut se dire : là, je ne comprends plus, je ne suis plus. Mais je pense que chacun pourra faire des pas dans la compréhension de l’art de notre temps. Et se défaire de l’idée que les artistes contemporains nous prennent pour des gogos. Cela arrive bien sûr mais ce n’est pas si fréquent.
Le parcours s’ouvre par une collection de quinze faux tableaux
La question est d’ailleurs abordée avec humour au Mac Val. Le parcours s’ouvre par une collection de quinze faux tableaux. Des faux très particuliers puisque l’artiste qui a conçu l’ensemble, Jacques Charlier, n’a pas copié des peintres existants. Il a inventé de toutes pièces des artistes auxquels il a donné un nom et une biographie, résumée dans les cartels qui accompagnent les tableaux. Il a inventé aussi un collectionneur qui aurait réuni ces toiles. Certaines sont tout à fait plaisantes !
L’imposture est réjouissante. Elle nous invite à nous interroger sur notre rapport aux oeuvres d’art. Pourquoi leur donnons de la valeur ? Parce qu’elles sont accrochées dans une musée ou une galerie ? A cause de la notoriété supposée de l’artiste ? Parce qu’elles valent, pense-t-on, beaucoup d’argent ? Ou simplement parce qu’elles enchantent notre regard ?
Cet accrochage restera en place pendant un an, jusqu’au 22 septembre 2024
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