L’exposition Nicolas de Staël au Musée d’art moderne de Paris donne le coup d’envoi d’un automne qui sera très riche avec, notamment, Van Gogh au Musée d’Orsay ou Mark Rothko à la Fondation Vuitton. Je suis allé voir la rétrospective de Staël le matin de l’ouverture et il y avait déjà foule. Mieux vaut réserver sa place !
Nicolas de Staël, il est vrai, est un peintre qui fascine beaucoup d’amateurs de peinture. D’abord à cause de sa vie tragiquement romanesque. Il est né à Saint-Pétersbourg en 1914, fils d’un officier du tsar. Exilé par la révolution bolchevique, bientôt orphelin, il a grandi à Bruxelles avant de se consacrer à la peinture avec une passion qui l’a consumé. Cette homme d’une magnifique prestance - cela fait aussi partie de sa légende - s’est suicidé à Antibes en 1955. Il n’avait que 41 ans.
Une autre raison de la popularité de ce peintre tient au fait qu’il est perçu comme moderne mais pas trop, sur la frontière entre l’abstraction et de la figuration. D’où un large succès dès son vivant et donc beaucoup d’imitateurs. Ce qui a fait dire à une de mes consoeurs critique d’art que son style est devenu (je cite) « le truc des galeries pour touristes de Montmartre à Palm Beach ». Heureusement, l’expo du Musée d’art moderne de Paris permet de corriger les jugements trop hâtifs et de lui rendre justice.
De très nombreux tableaux de cette rétrospective n’avaient jamais été exposés
Les rétrospectives de ce peintre ont été nombreuses au fil du temps. De quoi se demander s’il est encore possible de faire des découvertes le concernant. Eh bien oui. De très nombreux tableaux de cette rétrospective n’avaient jamais été exposés. Les commissaires de l’expo se sont livrés à un véritable jeu de piste pour retrouver les tableaux gardés dans des collections privées et convaincre les propriétaires de prêter leurs toiles.
Autre découverte, de nombreux dessins qui montrent comment Nicolas de Staël préparait la construction de ses tableaux qui n’avait rien d’improvisée. Et cela permet d’admirer la grande sûreté de son trait.
L’énorme travail de ce peintre qui ne cessait d’expérimenter de nouvelles pistes. Il y a des constantes, par exemple l’utilisation non pas du pinceau mais du du couteau. Avec de grands à-plats où se superposent plusieurs couleurs. Mais pour le reste, il ne cesse de changer. Il travaille dans de grands formats mais aussi dans de très petits. Il navigue entre abstraction et figuration. Sa palette de couleurs évolue beaucoup, de tonalités sombres à des couleurs plus éclatantes. Parfois très étonnantes comme le ciel vert d’un paysage sicilien.
Je n’ai pas la force de parachever mes tableaux
On est frappé aussi par l‘abondance de son oeuvre. Environ onze cents tableaux en quinze ans d’une si brève carrière. Cette course correspondait à son tempérament impatient, insatiable. Elle était aussi alimentée par la pression de ses marchands qui voulaient profiter de son succès, en Europe comme aux États-Unis. Dans une lettre écrite juste avant de se défenestrer, il disait : « Je n’ai pas la force de parachever mes tableaux. » Il a cependant laissé derrière lui une oeuvre fulgurante où la matière épaisse de la toile est sans cesse en mouvement.
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