Jamais un successeur direct à la couronne britannique n’aura attendu aussi longtemps pour monter sur le trône. Après avoir porté pendant 70 ans le titre de Prince de Galles, le premier fils de la reine Elizabeth II, est devenu roi sous le nom de Charles III. Le nouveau souverain est revenu vendredi après-midi à Buckingham Palace à Londres après une nuit au château de Balmoral en Écosse où sa mère est décédée. Maintenant, il va devoir s’affirmer. Cette succession, très attendue, représente un défi pour Charles III s’il ne veut pas être uniquement un roi de transition.
Après les 70 ans de règne d’Elizabeth II, Charles accède au trône à 73 ans. Il n’aura pas le même règne que sa mère et fera inévitablement figure de passeur de témoin entre deux générations, son successeur, son fils, le prince William ayant seulement 40 ans.
Mais cela ne l’empêche pas de sortir des pas de sa mère. Dès son arrivée Buckingham Palace, Charles III s’est fendu d’un bain de foule, dont sa mère était très très peu coutumière. “C’est une grosse surprise” confie Philippe Chassaigne, historien, professeur d'histoire contemporaine à l'Université Bordeaux-Montaigne et spécialiste de la Grande-Bretagne. “Il y a un changement de style très net, une personnalité qui s’affirme déjà" selon l’historien…
Un style qui a souvent été reproché à celui qui était à l’époque le Prince de Galles. Décrit comme introspectif et réservé, il aura toutes les peines du monde à se détacher d’une image d’homme froid, forgé pendant son mariage puis pendant son divorce avec la princesse Diana. Toujours destiné à devenir roi, Charles a reçu une éducation assez stricte, notamment de la part de son père…
Après un passage dans des établissements de Londres et Berkshire, le jeune garçon se retrouve à Gordonstoun School, un pensionnat du nord-est de l’Écosse, un choix de son père, lui-même passé par cette école aux règles de vie particulièrement strictes. Charles y sera malheureux, et percevra ses années comme une « peine de prison ». Il faut dire que les relations entre Charles et le prince Philip sont tendus, le duc d’Edimbourg apparaît comme un père dur, intransigeant, exaspéré par un fils au tempérament romantique. Avec sa mère, les relations sont froides, distantes, rythmées par le devoir que sa charge lui impose.
Après des études au Trinity College de Cambridge, Charles devient le premier membre de la famille royale à être diplômé de l’université. Il apprend également le français, reçoit une formation militaire. Il sert ensuite comme officier dans la Royal Navy de 1971 à 1976.
Charles III est très attendu sur des enjeux de modernisation
Charles III accède au trône avec un déficit de popularité par rapport à Elizabeth II. En 2019, un sondage YouGov donnait à la reine 72 % d’opinions favorables, 69 % pour William et seulement 48 % pour Charles. Un membre de la famille qui a donc longtemps été “plus respecté qu’aimé” selon l’historien Philippe Chassaigne. Pour s’affirmer, “il est très attendu sur des enjeux de modernisation”. Dans ce sens, les images de son sacre dans les prochains mois seront très révélatrices. Le faste de l’époque d’Elizabeth II devrait laisser place à plus de sobriété.
Par ailleurs, avec la mort de sa mère, Charles devient le chef de l’Église anglicane. Là encore, il pourrait faire preuve de modernité, ayant déjà surpris en déclarant qu’il se voyait plutôt comme le “défenseur des croyances” plutôt que comme simple “défenseur de la foi”, titre pourtant consacré.
Enfin, Charles III pourrait aussi être un souverain de transition…écologique. Très tôt, il s’est engagé pour le climat et notamment contre la déforestation. Dès les années 1980, il transforme sa résidence de campagne de Highgrove House dans son duché de Cornouailles en ferme biologique et cultive sans engrais ni pesticide. Plus récemment, en ouverture de la COP26, il avait prononcé un discours pour demander à tous les chefs d’État de travailler ensemble.
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